(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a réclamé mercredi des « accords concrets » empêchant l’élargissement de l’OTAN vers l’Est et le déploiement de ses systèmes d’armement près des frontières russes, en proposant de lancer des « négociations de fond » sur ce sujet.

Cette annonce intervient alors que les tensions entre la Russie et l’Ouest ne cessent de monter ces dernières semaines sur fond d’inquiétudes occidentales face à une éventuelle invasion russe en Ukraine.

« Dans le dialogue avec les États-Unis et leurs alliés, nous allons insister sur l’élaboration d’accords concrets empêchant tout élargissement de l’OTAN vers l’est et le déploiement de systèmes d’armement qui nous menacent à une proximité immédiate du territoire russe », a déclaré M. Poutine.

« Nous proposons d’entamer des négociations de fond sur ce sujet », a-t-il ajouté, lors d’une cérémonie de remise des lettres de créance aux ambassadeurs étrangers au Kremlin.

« Nous avons besoin de garanties juridiques, puisque nos collègues occidentaux n’ont pas respecté leurs obligations orales appropriées », a souligné le président russe.

Selon lui, « tout le monde sait que des assurances orales ont été faites sur le non-élargissement de l’OTAN vers l’est (après la chute de l’URSS, NDLR), ils ont fait tout le contraire ».

M. Poutine a accusé l’Alliance atlantique d’avoir « ignoré ainsi les préoccupations légitimes russes dans le domaine de sécurité et de continuer de les ignorer ».

La Russie veut « des garanties de sécurité solides et à long terme », a-t-il encore insisté, tout en précisant que ces accords devront « tenir compte des intérêts de Russie comme de tous les pays euro-atlantiques ».

« Une situation calme et stable doit être assurée pour tout le monde et tout le monde sans exception en a besoin », a ajouté M. Poutine.

La Russie est accusée par Kiev, l’OTAN, Washington, Paris et Berlin de masser des troupes près de la frontière avec l’Ukraine en vue d’une éventuelle invasion, des accusations fermement rejetées par le Kremlin.

Moscou reproche pour sa part aux Occidentaux et à l’OTAN de mener des exercices militaires près de ses frontières et à Kiev de vouloir se doter d’armements occidentaux.  

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a dénoncé ces propos de Vladimir Poutine, en estimant, lors d’une réunion de l’OTAN en Lettonie mercredi, que la Russie n’a « pas le droit » de décider des relations de Kiev avec l’Alliance atlantique.

« Toute proposition russe de discuter avec l’OTAN ou avec les États-Unis des soi-disant garanties que l’Alliance ne s’élargisse pas vers l’est est illégitime », a-t-il estimé.

La Russie et l’Ukraine sont à couteaux tirés depuis l’arrivée de pro-occidentaux au pouvoir à Kiev en 2014, suivie par l’annexion de la Crimée et un conflit dans l’Est entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses.