(Moscou) Une lettre de l’impératrice russe Catherine II appelant à se faire immuniser contre la variole est exposée à Moscou, avant sa mise aux enchères, un document historique faisant écho aux difficultés de la vaccination anti-COVID-19 en Russie.

La pièce autographe datée du 20 avril 1787, époque à laquelle émergeaient les premiers procédés vaccinaux contre la variole, ordonne d’organiser une campagne d’inoculation contre cette maladie, alors ravageuse dans des régions de son empire aujourd’hui situées en Ukraine.

La lettre a été présentée jeudi à Moscou où elle sera exposée jusqu’au 30 novembre.  

Le courrier doit être vendu aux enchères en décembre à Londres par la maison MacDougall’s avec un portrait de l’impératrice, un double lot estimé à 1,2 million de livres (1,6 million de dollars).  

« Une des [tâches] les plus importantes doit être l’introduction d’inoculations contre la variole qui, comme nous le savons, cause de grands maux en particulier parmi les gens ordinaires », y écrit l’impératrice au Comte Piotr Roumiantsev, un gouverneur régional.

« Ce type d’inoculations devrait être généralisé partout », poursuit la souveraine.  

Catherine La Grande a été la première dans son empire à se faire vacciner contre la variole, faisant de son cas un exemple pour tous ses sujets.

« Au regard des conditions aujourd’hui [avec la pandémie de COVID-19] nous devons être fiers de Catherine », estime Ekaterina MacDougall, de la maison d’enchères éponyme, présentant la lettre.

Le président russe Vladimir Poutine a mis plusieurs mois à annoncer sa vaccination contre la COVID-19, alors même qu’il encourageait les Russes à le faire sans tarder avec les vaccins développés en Russie.

La campagne d’immunisation contre la COVID-19 est depuis à la traîne, seule 36 % de la population ayant reçu un schéma vaccinal complet, la méfiance à l’égard des sérums déployés dès décembre 2020 sous l’impulsion du Kremlin étant très répandue.

Selon Mme MacDougall, l’impératrice a lancé une campagne « incroyable » de propagande pour convaincre la population de se faire immuniser.  

« La population avait peur, c’était nouveau et effrayant », a relevé l’historien Oleg Khromov, lors de la présentation de la lettre, jugeant la missive « unique, surtout au regard de la situation contemporaine ».

Catherine, qui a dirigé l’empire russe de 1762 à sa mort en 1796, s’était fait inoculer un échantillon infecté par un médecin anglais. Elle a été malade un temps mais déclarée remise en octobre 1768.  

Lorsque le roi français Louis XV est mort de la variole en 1775, elle avait jugé « barbare » de mourir de cette maladie au temps de Lumières.  

« J’espère vraiment que bientôt, dans un futur proche, nous dirons aussi : c’est barbare de mourir de la COVID-19 au 21e siècle », a noté Ekaterina MacDougall.