(Washington) Les États-Unis ont demandé mercredi de la « clarté » à la Russie sur des mouvements de troupes « inhabituels » près de la frontière russo-ukrainienne, mettant en garde Moscou contre la tentation de faire la « grave erreur » de reproduire le scénario de 2014 qui avait déclenché une guerre.

« Nous appelons la Russie à faire preuve de clarté sur ses intentions », a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Il a décrit « une activité militaire inhabituelle en Russie, près de la frontière ukrainienne », du fait de la « taille » et de « l’ampleur » des mouvements.

« Nous n’avons pas de clarté sur les intentions de Moscou, mais nous connaissons sa stratégie », a dit pour sa part le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à Washington lors d’une conférence de presse commune avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

« Notre inquiétude est que la Russie fasse la grave erreur de tenter de reproduire ce qu’elle a fait en 2014, quand elle a amassé ses forces le long de la frontière et est entrée en territoire souverain ukrainien, tout en affirmant à tort avoir été provoquée », a-t-il ajouté. « La stratégie constatée par le passé, c’est d’invoquer des provocations pour justifier la mise à exécution de ce qu’ils avaient planifié depuis le début », a-t-il poursuivi.

Or, « s’il y a des provocations aujourd’hui, elles viennent de Russie, avec ces mouvements de forces que nous constatons le long de la frontière ukrainienne ».

Antony Blinken a donc dit suivre « cela de très près » en consultation avec les alliés des Américains, tout en saluant « la retenue remarquable » de Kiev.

Il a réitéré à son homologue le soutien « inébranlable » des États-Unis à « la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale » de l’Ukraine.

Le Pentagone a quant à lui appelé Moscou à « respecter les Accords de Minsk », qui prévoient notamment une démilitarisation de la frontière russo-ukrainienne.

Les médias américains ont fait état fin octobre de mouvements de troupes russes près de la frontière ukrainienne et le Pentagone, qui avait auparavant confirmé « surveiller de près » la frontière, n’avait pas donné de détails.

Le ministre ukrainien a salué ce soutien américain, car « la meilleure manière d’avoir une dissuasion face à l’agressivité de la Russie » est selon lui « de démontrer clairement au Kremlin que l’Ukraine est forte, mais aussi qu’elle a des alliés forts qui ne la laisseront pas seule face à l’agressivité sans cesse accrue de Moscou ».

Kiev avait pourtant démenti début novembre tout mouvement russe inhabituel.

L’armée ukrainienne avait expliqué que les mouvements signalés étaient des « déplacements de troupes après des exercices », et avait estimé que la diffusion d’allégations sur un renforcement de l’armée russe pourrait être une opération « psychologique » contre l’Ukraine.

La région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, est depuis 2014 en proie à une guerre qui a fait plus de 13 000 morts entre les forces de Kiev et des séparatistes prorusses, dont le Kremlin est considéré comme le parrain militaire malgré ses dénégations.

La zone reste particulièrement sujette aux tensions. En avril dernier déjà, les Occidentaux s’étaient alarmés d’un important déploiement de troupes russes à la frontière, faisant craindre une escalade.