(Moscou) Les autorités russes ont abandonné les poursuites contre un lanceur d’alerte à l’origine de révélations sur de multiples actes de torture dans une prison, et qui a depuis demandé l’asile en France, selon une décision publiée mercredi.

Sergueï Savelev, ressortissant de la Biélorussie et ex-détenu, a transmis des vidéos montrant des viols et d’autres actes de torture dans une prison de Saratov (centre de la Russie) à l’ONG Gulagu.net, qui les a publiées début octobre.

PHOTO TATYANA MAKEYEVA, ARCHIVES REUTERS

Un gardien de prison patrouillant avec un chien à l’entrée d’une colonie pénitentiaire dans la ville de Pokrov, en Russie, le 8 octobre 2021.

M. Savelev a depuis fui la Russie et demandé l’asile politique en France, disant craindre des représailles des autorités qui ont lancé un mandat d’arrêt contre lui et lancé des poursuites pour « accès abusif » à des données informatiques.

« Illégales et infondées »

Mais selon une décision de justice publiée mercredi par Gulagu.net, le procureur de la région de Saratov a ordonné l’abandon de ces poursuites, les estimant « illégales et infondées ».

Par ailleurs, le nom de M. Savelev a été retiré de la liste des personnes recherchées publiée par le ministère de l’Intérieur, a constaté l’AFP.

La publication des vidéos transmises par M. Savelev, qui avait obtenu ces enregistrements sous couvert d’activités de maintenance informatique lors de sa détention pour trafic de stupéfiants, a suscité une levée de boucliers en Russie.

Ces images montrent notamment le viol d’un détenu à l’aide d’une perche dans une prison-hôpital de Saratov.  

Ces révélations ont conduit à la démission du chef des services pénitentiaires locaux, au limogeage de cadres du pénitencier concerné et à l’ouverture de cinq enquêtes.

18 congédiements, 11 poursuites

Mercredi, les services pénitentiaires ont indiqué avoir démis de leurs fonctions 18 employés et déposé des accusations contre 11 d’entre eux pour les « plus graves » manquements disciplinaires.

« Nous faisons tout pour faire la lumière et arriver aux conclusions nécessaires, je suis sûr que cela ne se reproduira pas à l’avenir », a dit le directeur par intérim de l’administration pénitentiaire de la région de Saratov, Anton Efarkine.  

Le système carcéral russe est très régulièrement entaché de scandales de tortures, commises de façon quasi institutionnalisée par des gardiens ou d’autres détenus à leurs ordres, notamment afin d’obtenir des aveux sous la contrainte.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé mercredi à la presse que des « vérifications » étaient en cours après ce scandale, ajoutant que le « système avait réagi ».