(Bayeux) Marine Le Pen a invoqué mardi à Bayeux le général de Gaulle, que son parti a longtemps combattu, pour « revivifier » les institutions de la Ve République et « faire renaître une France souveraine », fustigeant au passage la « radicalité déplacée » de son rival Éric Zemmour.

« Je choisis, comme [de Gaulle], le courage de l’action et m’inscris dans son legs politique pour voir renaître une France souveraine, indépendante et fière », a déclaré la candidate du Rassemblement national sur la place de Gaulle à Bayeux, là même où le général s’était exprimé en juin 1944 après le débarquement puis en juin 1946 sur la future Constitution.

Son discours devant une centaine de militants a été accompagné par les sirènes d’une vingtaine de manifestants, notamment de la CGT, dont certains criaient « dehors les fachos ».  

« Notre ambition pour la France est de renouer avec les principes fondateurs de notre République, une République française, pour les revivifier et leur donner toute leur force », a ajouté Marine Le Pen, dont le parti s’est longtemps opposé à de Gaulle et a été fondé en partie par d’anciens collaborateurs.

La candidate d’extrême droite a salué « l’acte de souveraineté » posé par de Gaulle en 1944 vis-à-vis notamment des États-Unis. « Beaucoup […] gagneraient à méditer cette séquence devenue allégorique sur l’autorité non négociable de la République », a souligné celle qui veut inscrire dans la Constitution la préférence nationale.

Plaidant pour un président « qui redonne à nos institutions le socle de stabilité », elle a redit vouloir un septennat non renouvelable, le scrutin proportionnel et étendre l’usage du référendum.

Marine Le Pen a assuré que de Gaulle, qui lui avait opté pour un scrutin majoritaire, aurait approuvé cette « actualisation » au nom de la « volonté souveraine du peuple ».

Dans un clin d’œil à Éric Zemmour, elle a estimé que les problèmes du pays « ne trouveront pas leurs solutions dans la division, mais dans l’unité, pas dans une radicalité déplacée, mais dans le respect des institutions et même des convenances ». Le polémiste se réclame lui aussi de de Gaulle tout en affirmant que le maréchal Pétain a sauvé des juifs, démenti à cet égard par tous les historiens.

Mme Le Pen avait plus tôt déposé une gerbe devant La Croix de Lorraine, symbole de la résistance, à Courseulles-sur-mer, en affirmant à la presse que le général de Gaulle « transmettait l’espoir de reconstruire » la France.

« Nous nous battons depuis 40 ans précisément pour que la France n’abandonne pas une souveraineté, n’abandonne pas cette indépendance, ne s’abandonne pas à la désindustrialisation, à la haine de soi, à la disparition de son influence dans le monde », a-t-elle assuré.

Marine Le Pen s’exprimait à l’occasion du 51e anniversaire de la mort du général de Gaulle, célébré aussi par les candidats LR et le premier ministre Jean Castex à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne) où est enterré l’ancien chef de l’État.

Le candidat LR Michel Barnier a estimé sur BFMTV et RMC mardi qu’avec Marine Le Pen et Éric Zemmour « nous n’avons pas la même lecture de l’Histoire ». « Je n’ai jamais confondu le général de Gaulle avec Pétain », a-t-il ajouté.  

Pour « certains, leur référence au gaullisme semble un petit peu artificielle », a commenté pour sa part Xavier Bertrand, autre candidat LR, sur Europe 1.