(Plymouth) Un suspect à la personnalité trouble et une arme et un port d’arme restitués tout récemment : les questions se multiplient vendredi autour de la fusillade qui a fait cinq morts jeudi dans le sud-ouest de l’Angleterre, dont une fillette de trois ans et la mère de l’auteur présumé, qui s’est suicidé.

Les enquêteurs ont exclu pour l’instant toute motivation terroriste dans cette fusillade, la plus meurtrière au Royaume-Uni en plus de 10 ans et se penchent sur le profil psychologique de Jake Davison, dont les messages relevés par la presse britannique sur les réseaux sociaux révèlent des tendances dépressives.

La police des polices britannique a quant à elle ouvert une enquête pour déterminer dans quelles conditions le suspect a pu récupérer au début du mois dernier arme et port d’arme qui lui avaient été retirés par la police locale en décembre 2020 après une accusation d’agression en septembre 2020.

Cette enquête examinera le « raisonnement » et les « décisions » de la police locale et le respect des règles, a déclaré dans un communiqué David Ford, directeur régional de l’IOPC, la police des polices.

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Des experts en science médico-légale effectuent des recherches.

Elle devra également établir si la police du Devon et des Cornouailles disposait d’informations concernant la santé mentale de Jake Davison et si, le cas échéant, si elles ont été considérées de manière « appropriée ».

Il n’a pas encore été établi si l’arme restituée est celle qui a été utilisée lors de la fusillade.

Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme est suspecté d’avoir tué jeudi soir à Plymouth, avec une arme décrite par des témoins comme étant un fusil à pompe, sa mère âgée de 51 ans avant de sortir dans la rue et de tuer quatre autres personnes.

Il a ensuite retourné l’arme contre lui et s’est donné la mort avant que la police, arrivée sur les lieux six minutes après avoir été appelée, n’ait pu intervenir, a précisé le chef de la police du Devon et des Cornouailles, Shaun Sawyer, lors d’une conférence de presse.

« Nous n’envisageons pas la piste terroriste ou de lien avec un groupe d’extrême droite », a-t-il précisé.

Parmi les personnes tuées figure une fillette de trois ans et son père de 43 ans. Deux blessés légers sont soignés à l’hôpital.

Évoquant des faits « effroyables », le premier ministre Boris Johnson a adressé ses pensées aux victimes et à leurs familles et salué le travail de la police et des services d’urgence.

Interrogé sur la misogynie de messages publiés par le suspect, le chef du gouvernement déclaré qu’il s’agirait d’un point qui fera « sans aucun doute » partie des investigations.

Il s’agit de la fusillade la plus meurtrière depuis 2010 au Royaume-Uni, où les tueries de masse restent rares. Les policiers y sont rarement armés et le pays a adopté une législation sur le port d’armes parmi les plus strictes au monde à la suite de la fusillade de Dunblane en Écosse en 1996, lorsque seize écoliers avaient été tués en quelques minutes.

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« Plus aucune volonté »

Appelés à 18 h 11 locales (13 h 11, HE) par des riverains alertés par les coups de feu, les forces de l’ordre et les services de secours s’étaient déployés en masse dans cette zone résidentielle de Plymouth, ville d’environ 262 000 habitants située dans le comté paisible du Devon et abritant la plus grande base navale d’Europe occidentale.

Sur un compte YouTube sous le nom Professor Waffle, supprimé dans la matinée, on voit le jeune homme se plaindre de ses difficultés à rencontrer des femmes et à perdre du poids, se décrire comme « gros » et « vierge » et faire de la musculation.

« Je n’ai plus aucune volonté de faire quoi que ce soit », dit-il dans la dernière vidéo postée, regrettant d’être « toujours dans la même maison, la même situation, la même position ».  

Avec ce compte, il a « aimé » des vidéos sur les armes à feu et suivait une chaîne sur la mouvance misogyne « Incel » (abréviation d’involontairement célibataire), à l’origine de violences aux États-Unis.

Sur les télévisions britanniques, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a assuré que des « leçons » seraient tirées de la fusillade, « surtout s’il y a des facteurs clés comme l’activité en ligne et […] l’arme à feu elle-même », qualifiant d’« extrêmement importante » la question de l’« incitation à l’extrémisme en ligne ».