(Ottawa) L’étau international se resserre autour de la Biélorussie, et le Canada tente de s’imposer comme un acteur de premier plan pour défendre le peuple de cette république issue de l’URSS face au président Alexandre Loukachenko. Il l’a démontré encore une fois, mardi, en frappant de sanctions de hauts dirigeants du régime contesté, avec le Royaume-Uni.

L’annonce a été faite par Ottawa le même jour où, de l’autre côté de l’Atlantique, le président français Emmanuel Macron rencontrait la figure de proue de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, qui s’est exilée en Lituanie après le scrutin du 9 août dernier.

Ces élections ayant reporté au pouvoir le « dernier dictateur d’Europe », qui tient les rênes de l’État depuis 26 ans, ont été entachées d’irrégularités. Les rues du pays sont depuis le théâtre de manifestations – et, accessoirement, de violences, d’arrestations arbitraires et de répression de la liberté de la presse.

Ainsi le ministre des Affaires étrangères du Canada, François-Philippe Champagne, a-t-il décrété l’adoption de sanctions visant le président Loukachenko, son fils aîné Viktor et neuf hauts responsables du régime, en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales.

Ces personnes ne pourront plus faire de transactions financières par l’entremise du Canada ou de Canadiens, et il leur est interdit d’entrer sur le territoire canadien.

« Le Canada ne restera pas impassible alors que le gouvernement du Bélarus continue de commettre des violations systématiques des droits de la personne tout en ne montrant aucune véritable volonté à négocier une solution avec les groupes de l’opposition », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les sanctions d’Ottawa, qui ont été promulguées en coordination avec le Royaume-Uni, « s’inscrivent dans le cadre d’un effort diplomatique plus large de la part du Canada pour trouver une solution positive à la situation actuelle ».

Ces dernières semaines, le ministre Champagne a offert au régime et à l’opposition une aide de médiation du Canada.

Mais d’ici à une résolution de cette impasse politique, il fallait sortir le bâton, fait valoir le porte-parole du Parti conservateur en matière d’affaires étrangères, Michael Chong. « Les conservateurs soutiennent la décision d’imposer des sanctions. […] Le Canada doit défendre la démocratie en Europe et soutenir la population biélorusse », a-t-il déclaré.

La semaine dernière, à l’Assemblée générale des Nations unies, le ministre des Affaires étrangères de la Biélorussie a averti les pays occidentaux de ne pas imposer de sanctions. Vladimir Makeï a déclaré lors de la réunion virtuelle des dirigeants mondiaux que l’ingérence dans les affaires intérieures de son pays serait néfaste pour tout le monde.

Moscou grogne

La salve canado-britannique a ulcéré la mission diplomatique de la Russie à Ottawa. Car ces sanctions sont « illégales et contreviennent au droit international », a-t-on signifié sur le compte Twitter de l’ambassade de Russie au Canada, mardi après-midi. Cette indignation est dans la même lignée que celle exprimée par le président Vladimir Poutine.

Le chef du Kremlin a en effet dénoncé mardi une « pression extérieure sans précédent », et il a assuré que Moscou était prêt à se tenir aux côtés de Minsk, décrivant leurs liens comme « intemporels et résistants à toute intempérie ».

Pour preuve, Vladimir Poutine a brandi un prêt de 1,5 milliard de dollars et une aide en matière de sécurité pour le pays voisin.

Un peu plus à l’ouest, à Vilnius, le président Macron manifestait que la France ferait « de son mieux » pour participer à l’effort de médiation mis de l’avant par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L’objectif est « une transition pacifique, la libération des personnes qui restent en prison pour leurs opinions politiques et la tenue d’élections dans un cadre libre, sous surveillance internationale », a-t-il avancé.

Il a tenu ces propos à l’issue d’une rencontre avec Mme Tikhanovskaïa, novice politique, qui a plongé dans l’arène après que son mari a été accusé d’avoir tenté de renverser le gouvernement. Il est toujours derrière les barreaux.

– avec l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne