(Stockholm) L’épidémiologiste suédois Anders Tegnell, de l’Agence de santé publique, a reconnu mercredi que l’approche plus souple adoptée par le royaume scandinave pour contenir la propagation du nouveau coronavirus pouvait être améliorée tout en continuant de la défendre.

Anders Tegnell, souvent présenté comme le visage de la stratégie suédoise de lutte contre le virus, a défendu la décision du pays de ne pas imposer de confinement comme dans de nombreux pays européens, mais a concédé que des ajustements auraient pu être faits au gré des nouvelles informations.

« Si nous devions rencontrer la même maladie avec tout ce que nous savons aujourd’hui sur elle, je pense que nous finirions par faire quelque chose entre ce que la Suède et le reste du monde ont fait », a déclaré l’épidémiologiste sur les ondes de la radio publique suédoise.

Mercredi, 40 803 cas de coronavirus avaient été détectés dans le pays depuis le début de la crise, et 4542 personnes sont décédées des suites de la maladie, selon les autorités sanitaires, une mortalité décrite par M. Tegnell comme « vraiment » trop élevée.

Le professionnel dit cependant ne pas être sûr si l’instauration de mesures supplémentaires - et lesquelles - auraient fait la différence.

« Il serait bien de savoir plus précisément ce que l’on doit stopper pour mieux prévenir la propagation de l’infection », a-t-il expliqué.  

Le pays scandinave a maintenu ouverts les écoles (pour les enfants de moins de 16 ans), cafés, bars, restaurants et entreprises, demandant à chacun d’observer les recommandations de distanciation sociale et de « prendre ses responsabilités ».

La population a été incitée à travailler à domicile, à limiter ses contacts et à se laver les mains régulièrement.

Seules contraintes majeures, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits, de même que les visites dans les maisons de retraite.

« La stratégie est bonne »

Interrogé plus tard dans la journée lors d’une conférence de presse, M. Tegnell a souligné que ses propos ne devaient pas être interprétés comme voulant dire que l’Agence de santé publique, ou lui-même, doutaient de la stratégie adoptée.

« Nous sommes toujours d’avis que la stratégie est bonne, mais il y a toujours des améliorations à apporter, surtout avec le recul », a-t-il expliqué aux journalistes.  

Le gouvernement continue de défendre son modèle et parle de mesures pertinentes sur le long terme, répétant dans les médias que cette lutte contre le virus est un « marathon, pas un sprint ».

Cette approche a suscité une vague de critiques, aussi bien dans le pays qu’à l’extérieur, à l’heure où le nombre des morts y a largement dépassé ceux des voisins nordiques, qui ont tous imposé des mesures restrictives.

Anders Tegnell parle d’une vision « ambivalente » de la Suède à l’étranger, son approche suscitant à la fois éloges et mépris.

« Elle a parfois été perçue comme une menace, car elle pourrait indirectement jeter le doute sur certaines des mesures assez drastiques prises », selon l’épidémiologiste.

Interrogé par l’agence de presse suédoise TT, il a expliqué que la mise en œuvre de mesures lourdes « peut aussi faire plus de dégâts ».

« Il n’y a pas de corrélation directe entre faire beaucoup et être prudent », a-t-il jugé. Et de poursuivre : « il n’y a rien qui indique que nous aurions eu un résultat totalement différent si nous avions mis en oeuvre des mesures plus drastiques ».

« La Grande-Bretagne a fait cela mais n’a pas débouché sur un bon résultat », a-t-il dit.