(Londres) Et maintenant ? La presse britannique s’interroge lundi sur la nouvelle vie du prince Harry, qui, avec une « grande tristesse » mais sans « autre choix », s’est mis en retrait de la monarchie avec son épouse Meghan.

Comment le couple va-t-il gagner de l’argent ? Qui va payer pour sa sécurité ? Quel lien va-t-il garder avec la famille royale britannique ? Moins de dix jours après l’annonce-choc du Megxit, la reine Élisabeth II a annoncé samedi un accord permettant à son petit-fils de prendre le recul souhaité.

La rupture sera plus franche qu’annoncé puisque le duc et la duchesse de Sussex, qui voulaient garder un pied dans la monarchie, ne seront plus des « membres actifs » de la famille royale. Ils ne pourront plus utiliser leur titre d’altesse royale (qu’ils conservent) ni représenter officiellement la souveraine de 93 ans.

Selon la presse britannique, le prince de 35 ans, qui reste sixième dans l’ordre de succession de la couronne, va devoir notamment renoncer à ses fonctions militaires, auxquels il était attaché.

S’exprimant publiquement pour la première fois sur la crise qu’il a provoquée dans la monarchie britannique, Harry a reconnu dimanche soir ressentir « une grande tristesse » : « Nous espérions continuer à servir la reine, le Commonwealth et mes associations militaires, mais sans financement public. Malheureusement, cela n’a pas été possible », a-t-il expliqué lors d’un dîner de charité à Londres.

Le prince, qui est apparu lundi à un sommet consacré aux investissements britanniques en Afrique à Londres, devrait rejoindre dans les prochains jours son épouse Meghan et son fils Archie au Canada, selon la presse britannique.

Si le Daily Express met l’accent sur la peine ressentie par le deuxième fils de Lady Di, « dévasté », d’autres journaux se projettent dans la nouvelle vie du couple au Canada, qui pourrait se lancer dans la production télévisuelle, capitalisant sur son statut de célébrités et sur la carrière d’actrice de Meghan Markle. « Duc et duchesse de Netflix ? », s’interroge le Daily Mail.

Le Guardian souligne que la couronne perd ses membres qui ont le plus de succès auprès des jeunes, quand le Daily Telegraph met en exergue le fait que ce mouvement inédit permet à la monarchie de « définir ses frontières ».

« Force puissante »

Les tabloïds, qui les accusaient en somme de vouloir le beurre et l’argent du beurre, se sont félicités que le duc et la duchesse, désormais délivrés de leurs « obligations royales », ne pourraient plus « formellement représenter la reine ».

La relation houleuse du couple avec les journaux britanniques, que Harry a qualifiée de « force puissante » dimanche, a pesé dans sa décision de se mettre en retrait. La presse à sensation attaquait régulièrement l’ex-actrice américaine avec des articles au vitriol.

Le couple renonce à son allocation royale et devra rembourser certaines dépenses publiques dont il a bénéficié, notamment les 2,4 millions de livres sterling (4,1 millions de dollars CA) employés à rénover leur résidence au Royaume-Uni.

« C’est absolument sans précédent », a estimé dans le Sun Dickie Arbiter, ancien secrétaire de presse royal, notant qu’« aucun membre de la famille royale n’a jamais remboursé de l’argent », même ceux qui avaient déjà été privés de leur statut d’altesse royale.

Le Daily Telegraph affirme que face au coût du changement radical de vie du couple, le prince Charles allait soutenir financièrement son fils pendant au moins un an.

Noyau de membres

Avant le jeune prince, sa mère Lady Diana avait elle aussi perdu ce statut après avoir divorcé de Charles en 1996. Mais il s’agissait là d’un « titre honorifique », obtenu par le mariage. C’est en revanche la toute première fois qu’un Windsor de naissance se voit privé de ce statut.

La décision d’Élisabeth II marque ainsi un tournant dans l’histoire d’une des plus anciennes institutions britanniques, ouvrant une ère de nouveau fonctionnement resserré autour de la branche aînée.

Le prince Charles, héritier du trône, avait déjà fait part de sa volonté de « ramener (la famille) à un noyau de membres haut placés qui travaillent à plein temps ».