(Londres) Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange s’est plaint mercredi de ne pas pouvoir échanger avec sa défense en toute confidentialité durant l'audience, interrompant brièvement le troisième jour de l’examen par la justice britannique de la demande d’extradition américaine.

« Je ne peux pas parler à mes avocats en vraie confidentialité », s’est emporté l’Australien de 48 ans, séparé par un panneau de verre de ses avocats et du reste de la salle d’audience du tribunal de Woolwich, à Londres.  

Micros tout près de lui

« Je ne peux pas parler à mes avocats […] Je ne peux pas (leur) poser de questions, je ne peux pas leur donner de directives », a-t-il ajouté après s’être levé, faisant remarquer que des micros placés tout près pouvaient capter des éléments de conversation.  

Les officiels américains ont « cent fois plus de contacts avec leur équipe d’avocats », a-t-il poursuivi.  

DESSIN ELIZABETH COOK, AP

Ce dessin montre la séparation matérielle entre Julian Assange, au centre, et ses deux avocats britanniques, Edward Fitzgerald (debout, à g.) et Mark Simmons (assis, à d.). Assange est en retrait dans le box des accusés, qui comporte une paroi de verre épais empêchant de communiquer librement.

La juge Vanessa Baraitser, qui avait peu auparavant demandé à la défense de s’enquérir de son état parce qu’Assange semblait fatigué, a rapidement mis fin à cette sortie en ordonnant une courte pause.

« Généralement, les prévenus n’ont pas leur mot à dire tant qu’ils ne témoignent pas », a-t-elle rétorqué.  

Julian Assange est poursuivi aux États-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Il risque jusqu’à 175 ans de prison, en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique.  

DESSIN JULIA QUENZLER, REUTERS

Julian Assange, surveillé par un gardien, durant l'audience en extradition.

Pour statuer sur la demande d’extradition, dont l’examen se tient cette semaine puis trois semaines à partir du 18 mai, la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Julian Assange est détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, adjacente au tribunal.  

Pas le droit de s'assoir avec ses avocats

Après la brève interruption, l’avocat d’Assange, Edward Fitzgerald, a indiqué qu’il demanderait à ce que son client puisse s’asseoir dans le parterre de la salle d’audience, soulignant qu’il ne constituait « une menace pour absolument personne ».  

PHOTO DANIEL LEAL-OLIVAS, AFP

Des manifestants s'assemblent tous les jours d'audience devant le palais de justice de Woolwich, à Londres. Celle-ci porte un masque sanitaire réclamant la libération de Julian Assange.

La juge a toutefois prévenu qu’elle pourrait difficilement accéder à cette demande, qui nécessiterait probablement l’introduction d’une demande de libération sous caution.  

Celle-ci lui avait déjà été refusée et le représentant du gouvernement américain, James Lewis, a dit qu’il s’y opposerait.  

Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les États-Unis.