(Paris) Depuis Abidjan, Emmanuel Macron a appelé samedi les grévistes opposés à la réforme des retraites à « savoir-faire trêve » alors que le premier week-end des vacances de Noël restait marqué par des perturbations très importantes à la SNCF et la RATP.  

« Les mouvements de grève se justifient, ils sont constitutionnellement protégés. Mais je crois qu’il est des moments dans la vie d’une nation où il est bon aussi de savoir faire trêve pour respecter les familles et la vie des familles », a souligné le chef de l’État lors d’une conférence de presse au côté de son homologue ivoirien en répondant — fait rare — à une question concernant l’actualité française lors d’un déplacement à l’étranger.

« Chacun comprendra que la trêve ne veut pas dire l’acceptation ou l’abandon », a ajouté M. Macron, évoquant « le respect dû aux Françaises et Français qui parfois sont séparés et veulent se retrouver en ce moment de fête ».

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Un temps espérée par le gouvernement, une trêve de Noël dans le mouvement lancé il y a 17 jours contre la réforme des retraites, et notamment la fin du régime spécial des cheminots, ne s’est pas matérialisée.

Vendredi, au lendemain d’une multilatérale à Matignon, la CFDT-Cheminots a maintenu son appel à la grève, à l’inverse de l’Unsa ferroviaire, favorable à « une pause », mais pas forcément suivie par sa base.  

Et la CGT-Cheminots et SUD-Rail, qui avaient décidé dès jeudi de poursuivre le mouvement, ont invité leurs troupes « à organiser des initiatives de Noël pour interpeller les représentants de la majorité gouvernementale » et à s’inscrire « dans les actions qui seront organisées » samedi 28 décembre « partout en France ».

Le premier week-end des vacances de Noël restait ainsi marqué par un trafic SNCF « très perturbé » et s’annonçait tout aussi difficile dimanche, comme à la RATP.

La SNCF a assuré samedi que tout était « raccord » par rapport à ses prévisions de la veille. L’objectif de faire voyager 850 000 détenteurs de billets jusqu’à dimanche est maintenu, a déclaré un porte-parole.

La compagnie a prévu samedi et dimanche de faire rouler la moitié des TGV, 30 % des TER et 20 % des Transilien, ainsi qu’un Intercités sur quatre, les trains devant être moins nombreux à partir de lundi. La suspension annoncée pour le week-end de son service prenant en charge les 4-14 ans a finalement été levée, avec 5000 places dimanche dans 14 TGV exceptionnels.

« Les choses sont en train de s’améliorer […] et nous continuerons d’œuvrer », a souligné M. Macron.

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Quant au trafic RATP, très perturbé samedi avec huit lignes de métro toujours fermées, il le sera encore davantage dimanche, avec seulement deux lignes en circulation sur 16.

Conséquence, les bouchons s’accumulaient samedi soir en Île-de-France, le baromètre Sytadin évoquant 225 kilomètres de ralentissement à 19 h, un niveau plus qu’« exceptionnel ».

« Faire réagir le gouvernement »

Dans les gares, l’épuisement avait gagné beaucoup d’usagers en galère, comme Françoise Lambert, gare Montparnasse à Paris, qui cherchait à se rendre à Evron, en Mayenne, à 60 km du Mans. « Je vais jusqu’à la gare TGV du Mans et après je n’ai pas de solution. C’est stressant », déplorait cette assistante de direction.

Pour Quentin, dont le TGV Paris-Angers a été maintenu samedi, c’est « dommage que cela impacte les particuliers » mais c’est le seul moyen de faire réagir « le gouvernement.

L’exécutif n’est pourtant pas resté inactif. Après deux jours de rencontres avec les partenaires sociaux, le premier ministre Edouard Philippe a relevé jeudi des » avancées concrètes « concernant notamment la progressivité de la réforme des régimes spéciaux ou une prise en compte » plus généreuse « de la pénibilité.  

Sans convaincre ni les opposants au projet, ni ceux qui y sont favorables, la CFDT restant » fermement opposée « à l’ » âge d’équilibre « assorti d’un bonus-malus que le gouvernement veut introduire dès 2022 et fixer à 64 ans en 2027.  

Rejetant depuis le départ le régime universel par points, le numéro un de FO, Yves Veyrier, a de nouveau appelé samedi sur CNews Emmanuel Macron à « appuyer sur le bouton stop » .

Le gouvernement promet de nouvelles réunions début janvier sur le projet, attendu en Conseil des ministres le 22 janvier, tandis que l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 9.