(Varsovie) Les présidents polonais et allemand doivent prendre la parole dimanche à l’aube à Wielun, exactement à l’heure de l’explosion des premières bombes tombées il y a 80 ans sur cette petite ville polonaise sans défense, première victime de la Seconde Guerre mondiale.

« J’ai vu des morts, des blessés… Fumée, bruit, explosions. Tout brûlait… », a raconté un témoin du bombardement, Tadeusz Sierandt, 88 ans aujourd’hui, interrogé par l’AFP à quelques jours de l’anniversaire.

L’attaque est venue une semaine après un accord secret, le pacte Ribbentrop-Molotov, conclu entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique sur le partage de l’Europe entre elles. La Seconde Guerre mondiale allait faire entre 40 et 60 millions de morts, dont six millions de Juifs, victimes de l’Holocauste perpétré par les nazis.

À l’heure de la cérémonie de Wielun, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans doivent participer à la commémoration du combat désespéré livré par une poignée de défenseurs polonais de la garnison de Westerplatte, à Gdansk, bombardée par un navire de guerre allemand.

PHOTO JANEK SKARZYNSKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vue sur Wielun

Le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne, alliées de la Pologne, ont déclaré la guerre à l’Allemagne, mais sans lancer d’opérations importantes. Le 17 septembre, l’URSS a attaqué l’est de la Pologne.

La collaboration entre nazis et Soviétiques a pris fin avec l’attaque d’Hitler contre l’URSS le 22 juin 1941. La guerre s’est poursuivie entre les Alliés, rejoints par l’URSS et les États-Unis, et l’axe germano-italo-japonais, battu en 1945.  

En milieu de journée le vice-président américaine Mike Pence, précédé par MM. Duda et Steinmeier, doit prononcer un discours place Pilsudski, devant le Tombeau du Soldat inconnu à Varsovie.  

M. Pence remplace le président Donald Trump qui avait prévu de se rendre en Pologne, mais a fini par y renoncer pour ne pas quitter son pays menacé par l’ouragan Dorian.

Réparations de guerre

La Pologne a été durement touchée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, perdant six millions de citoyens, dont trois millions de Juifs.  

L’Allemagne est aujourd’hui son alliée au sein de l’OTAN et de l’UE, et son premier partenaire économique. Mais, aux yeux du gouvernement conservateur nationaliste de Varsovie, certains problèmes hérités du passé attendent encore un règlement définitif, à savoir celui des réparations de guerre.

Une commission parlementaire travaille actuellement sur une nouvelle estimation des pertes subies par la Pologne, que Varsovie souhaite présenter à Berlin. Mais pour le gouvernement allemand la question des réparations est close depuis longtemps.  

La chancelière Angela Merkel assistera à la commémoration à Varsovie, mais ni le président français Emmanuel Macron, ni le premier ministre britannique Boris Johnson n’ont prévu de faire le déplacement. Le président russe Vladimir Poutine n’a pas été invité, pour cause d’annexion de la Crimée et de conflit séparatiste en Ukraine.

Selon la présidence polonaise, une quarantaine de délégations étrangères sont attendues, six d’entre elles étant conduites par des chefs d’État.

L’un d’entre eux est le président ukrainien Volodymyr Zelensky, venu dès samedi en visite officielle. La position de l’Ukraine hors de la zone d’influence de Moscou est considérée à Varsovie comme importante pour la sécurité de la Pologne.

Lors d’une conférence de presse commune, M. Duda a souhaité que « l’Ukraine se rapproche de l’Union européenne, qu’elle se rapproche de l’OTAN ».

De son côté, M. Zelensky s’est prononcé pour « la coopération énergétique dans le triangle Ukraine-Pologne-États-Unis ».

Pacte sur la 5G

Ces trois pays ont signé samedi à Varsovie un accord visant à renforcer leur coopération pour sécuriser l’approvisionnement en énergie dans la région, très dépendante des livraisons russes. Ainsi, l’Ukraine devrait recevoir via la Pologne du gaz naturel liquéfié américain.  

Pendant son séjour à Varsovie, M. Pence compte conclure avec la Pologne un pacte portant sur les risques de la technologie 5G, selon un haut responsable américain ayant requis l’anonymat.  

Washington encourage énergiquement ses alliés à se méfier de cette technologie pour la téléphonie mobile telle qu’elle est développée par le géant chinois Huawei, que les États-Unis soupçonnent de collaborer avec le service de renseignement de Pékin.