La mission antiterroriste militaire Sentinelle sera mobilisée de manière «renforcée» samedi dans le cadre des manifestations des gilets jaunes en France afin de protéger des bâtiments officiels et autres «points fixes», a annoncé le gouvernement.

Cette initiative permettra aux forces de l'ordre de se «concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l'ordre», a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, quatre jours après les violences sur les Champs-Élysées ayant marqué la 18e manifestation de gilets jaunes.

Manifestations interdites sur les très touristiques Champs-Élysées et dans certains quartiers des grandes villes en cas de présence d'«ultras», préfet de police de Paris limogé, contraventions alourdies : le premier ministre Édouard Philippe avait annoncé dès lundi une batterie de mesures pour répondre aux violences ayant émaillé la dernière manifestation des «gilets jaunes», qui mènent depuis mi-novembre une fronde sociale et fiscale.

Mais des partis d'opposition ont appelé le président Emmanuel Macron - chef des Armées - et le gouvernement à revenir sur le déploiement de Sentinelle.

«Les militaires ne sont pas formés au maintien de l'ordre. Ils sont formés au combat, pour tuer et neutraliser.» Cette décision «compromet l'armée dans une mission qui n'est pas la sienne, elle risque d'endommager ce lien si particulier en France entre la nation et l'armée», a jugé Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs du parti de droite Les Républicains.

«On utilise l'armée en cas de guerre ou de guerre civile, mais on ne me fera pas dire que 1500 black blocs constituent une menace pour la nation française à tel point qu'on en vienne à cette extrémité!», a insisté M. Retailleau.

Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant de La France insoumise (gauche radicale), a jugé pour sa part que «quelles que soient les circonstances, l'armée ne peut et ne doit assurer aucune tâche de police, (car) ce n'est pas son métier».  

Le rôle de Sentinelle «n'est pas de faire du maintien de l'ordre», a précisé une source gouvernementale expliquant que sur certains sites, des militaires de Sentinelle vont remplacer les forces de sécurité pour leur permettre de faire du maintien de l'ordre.  

L'opération Sentinelle représente une mobilisation sans précédent de l'armée sur le territoire national depuis la guerre d'Algérie (1954-1962).

Des chiffres de 2017 faisaient état de 7000 militaires déployés en permanence-pour moitié en région parisienne-depuis les attentats de janvier 2015 à Paris.

Ces militaires protègent en France des sites religieux (synagogues, mosquées...), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares...). Ils sont présents de manière quasi permanente sur certains sites comme les aéroports ou les musées.

Une voiture du dispositif de Sentinelle avait été incendiée par des manifestants près de la Tour Eiffel le 9 février.