La protection diplomatique accordée par Londres à l'Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée à Téhéran depuis avril 2016, ravivait vendredi les espoirs de ses proches d'obtenir sa libération, bien que l'Iran ait jugé cette mesure « contraire au droit international ».

Employée de la Fondation Thomson Reuters liée à l'agence de presse canado-britannique du même nom, Mme Zaghari-Ratcliffe, 40 ans, a été arrêtée le 3 avril 2016 à l'aéroport de Téhéran, après avoir rendu visite à sa famille, et alors qu'elle voyageait en compagnie de sa fille Gabriella. Celle-ci avait alors été accueillie chez ses grands-parents iraniens.

Nazanin Zaghari-Ratcliffe a été condamnée en septembre 2016 à cinq ans de prison pour participation à des manifestations en 2009 visant à renverser le régime, ce qu'elle dément. La peine a été confirmée en appel en avril 2017.

Après plusieurs années de contacts infructueux avec Téhéran pour obtenir sa libération, le gouvernement britannique a annoncé jeudi accorder à Mme Zaghari-Ratcliffe une protection diplomatique, jugeant les conditions de sa détention non conformes au « droit international ».

Ce régime est un mécanisme « rarement utilisé » par lequel un État peut demander la protection de ses ressortissants « s'il estime que les actes d'un autre État leur ont causé préjudice », a précisé la diplomatie britannique.

« Cela ne s'est pas produit [...] depuis plus de 100  ans, alors il est difficile de savoir exactement quel en sera l'impact. Nous espérons que les Iraniens réagiront de manière constructive et comprendront que nous n'allons pas laisser tomber », a déclaré vendredi sur la BBC le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt.

« Cela envoie un message très fort à l'Iran : écoutez, vous êtes une grande civilisation, vous avez peut-être des désaccords avec le Royaume-Uni, mais au coeur de tout cela se trouve une femme innocente, vulnérable, malade et effrayée. Elle a une fille de quatre ans [...] et elle ne devrait pas payer le prix des désaccords que vous avez avec le Royaume-Uni », a-t-il insisté.

Son époux, Richard Ratcliffe, qui avait fait des démarches auprès de Jeremy Hunt ainsi qu'auprès de son prédécesseur Boris Johnson, depuis 2017, afin d'obtenir ce statut, s'est dit « très heureux » de l'initiative de la diplomatie britannique, suggérant qu'elle offrait peut-être « un moyen de résoudre cette affaire ».

« Message clair et fort »

« C'est un message clair et fort que Nazanin est soutenue par le gouvernement britannique », a-t-il déclaré à l'AFP, estimant que cette décision allait « faire une différence ».

« Cela montre clairement à l'Iran qu'elle est britannique, que le gouvernement pense qu'elle a subi une injustice et qu'il va continuer son action jusqu'à ce qu'elle puisse rentrer », a-t-il ajouté. « Ce sont des progrès importants et bienvenus [...] je suis sûr qu'elle sera ravie ».  

Il a rappelé que l'état de santé de son épouse s'est détérioré depuis son incarcération, et que le manque d'accès à un traitement médical l'avait poussée à observer une grève de la faim de trois jours en janvier.

« Elle était vraiment déprimée, désespérée, à se demander "mon Dieu, quelle sera la suite après ça" ? Je suis content que le ministre ait pris cette décision, plutôt que Nazanin décide elle-même de faire quelque chose ».  

L'ambassadeur d'Iran au Royaume-Uni Hamid Baeidinejad a toutefois jugé « contraire au droit international » l'octroi de cette protection diplomatique.  

« Les gouvernements ne peuvent exercer cette protection que pour leurs propres ressortissants. Comme le gouvernement britannique le sait pertinemment, l'Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Indépendamment de sa résidence au Royaume-Uni, Mme Zaghari reste donc iranienne », a-t-il argué sur Twitter.

« On s'attendait à ce que leur réaction soit négative », a tempéré Richard Ratcliffe. « Mais il y a différentes composantes du régime (iranien), elles vont réagir de différentes manières ».

Estimant que la libération de son épouse était désormais « une revendication du gouvernement britannique », il a dit espérer que Londres demande la mise en place d'une « médiation ». « Et ensuite, les choses iront plus loin ».