Emmanuel Macron a qualifié jeudi de « fausse polémique » les réactions à ses propos où il avait jugé légitime d'inclure Philippe Pétain dans une cérémonie d'hommage aux chefs militaires de la Grande Guerre et a exclu toute « célébration individuelle » du maréchal devenu ensuite collaborationniste avec les nazis.

« Il y a un maréchal Pétain qui a été un des acteurs et des grands soldats de 14-18, et ça vous ne pouvez pas l'effacer, et donc j'ai simplement dit : on n'efface pas l'histoire, on n'est pas les procureurs de l'histoire », a souligné le chef de l'État français, dénonçant la « boîte à folie » des « polémiques inutiles ».

M. Macron avait créé la controverse mercredi en jugeant « légitime » d'inclure Pétain, « grand soldat » pendant la Première guerre mondiale, dans un hommage rendu samedi à Paris aux chefs militaires de ce conflit.

Relancé sur le sujet, plus tard dans la journée, il avait expliqué qu'il « ne pardonn[ait] rien » des actes de Philippe Pétain, mais qu'il « ne gomm[ait] rien » de l'Histoire de France.

Ces propos avaient provoqué de nombreuses réactions, à commencer par le Conseil représentatif des institutions juives de France qui s'est dit « choqué ». Plusieurs élus de tous bords politiques ont également protesté.  

« Aucun hommage à Pétain »

Dès mercredi soir, le gouvernement français avait tenté d'éteindre la polémique grandissante.

« Aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi. Il n'en a jamais été question. S'il y a eu confusion, c'est que nous n'avions pas été suffisamment clairs », a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, dans une tribune publiée sur Facebook.

« Dans les propos qu'a tenus le président, il n'était nullement question d'hommage républicain, mais de vérité historique. Pétain a servi en 1914. Il contribue à la victoire de 1918. Mais rien ne viendra occulter ou faire oublier le Pétain qui a trahi, collaboré et, infamie ultime, celui qui a signé et mis en oeuvre le décret sur le statut des Juifs », a défendu Benjamin Griveaux.  

Le porte-parole du gouvernement a également rappelé que M. Pétain avait été frappé d'indignité nationale pour avoir collaboré avec les nazis et que « seuls les maréchaux dont l'honneur n'a pas été entaché » recevront un hommage.  

Figure duale, le maréchal Pétain a d'abord fait partie des militaires de premier plan lors de la Première Guerre mondiale.  

Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, il prit le commandement du régime de Vichy, du nom de la ville du centre de la France où il se réfugia, assurant de 1940 à 1944 le gouvernement du pays et une collaboration active avec l'occupant allemand. Celle ci s'est notamment rendue responsable de rafles massives parmi la population juive. Cette politique fit de 10 000 à 15 000 morts et 80 000 déportés civils.

Ces dernières années, certains cadres de l'extrême droite française ont tenté de réhabiliter son nom.

Jeudi, Jean-Marie le Pen, co-fondateur du Front national (devenu Rassemblement national, extrême droite) a d'ailleurs estimé que Pétain « devait faire partie du groupe des maréchaux » inclus dans l'hommage prévu samedi.  

Condamné à mort en 1945 à l'âge de 89 ans, la peine du militaire avait été commuée en prison à perpétuité qu'il avait purgée jusqu'à son décès, six ans plus tard.