Le pape François a convié dimanche au Vatican plusieurs milliers d'exclus pour partager avec eux sa première Journée mondiale des pauvres, appelant les croyants à combattre « l'indifférence » face aux plus démunis.

Nous sommes souvent « dans l'idée de n'avoir rien fait de mal et pour cela nous nous contentons, présumant être bons et justes », a déclaré le pape lors d'une messe en la basilique Saint-Pierre à laquelle assistaient quelque 7000 nécessiteux.

« Mais ne rien faire de mal ne suffit pas. Parce que Dieu n'est pas un contrôleur à la recherche de billets non compostés, il est un Père à la recherche d'enfants à qui confier ses biens et ses projets », a affirmé le pontif argentin.

Dans les pauvres, « dans leur faiblesse, il y a une force salvatrice. Et si aux yeux du monde, ils ont peu de valeur, ce sont eux qui nous ouvrent le chemin du ciel », a-t-il affirmé.

Jorge Bergoglio a ensuite pris le lunch en musique avec 1500 pauvres dans une salle du Vatican, tandis que 2500 autres seront répartis dans les réfectoires de différentes institutions pontificales. Des initiatives analogues se déroulent dans tous les diocèses d'Italie et du monde.

Pour l'Argentin Jorge Bergoglio, qui avait lancé cette initiative après la clôture, il y a un an, du « Jubilé de la miséricorde », l'Église est comme « un hôpital de campagne qui a pour caractéristique de naître là où on se bat ».

Et c'est sur la place Saint-Pierre qu'il a concrètement transformé cette image symbolique en réalité, avec l'ouverture provisoire pour la Journée mondiale des pauvres d'un dispensaire médical gratuit immédiatement visité par des sans-abri.

À l'image d'Elisa, une jeune Italienne du Piémont au regard perdu, disant vivre dans la rue depuis juillet avec son chien qui s'affole en voyant sa maîtresse disparaître dans le camion du gynécologue.

« Je veux donner la main au pape dimanche », confie une autre patiente, Nicoletta Busuioc, une Roumaine plus chanceuse qui partage un logement avec une amie.

Accueillis par des volontaires dans des camions aménagés, les démunis ont accès à différents soins: analyses cliniques, cardiologie, dermatologie, gynécologie, maladies infectieuses.

Pietro Sollena, jeune médecin dermatologue bénévole d'un hôpital de Rome, avoue n'être pas habituellement confronté à tant de cas de brûlures, parasitoses ou gales. « Beaucoup de problèmes sont provoqués par le manque d'hygiène de personnes forcées de vivre dans la rue », note-t-il, en distribuant crèmes et conseils.

Catia, une volontaire de l'association Misericordia di Italia, venue spécialement de Toscane, oriente un jeune homme timide venu récupérer ses tests sanguins. « Je suis d'accord avec le pape, un homme simple », glisse-t-elle.

Elle était arrivée trop tard pour la visite surprise jeudi après-midi du pape dans son hôpital de campagne. Le souverain pontife, tout sourire, avait alors remercié médecins et bénévoles, salué des pauvres attendant leur tour pour des consultations.

Dans un long message préparé à l'avance pour la Journée mondiale des pauvres et qui devait être distribué dans de nombreuses églises du monde, le pape a demandé aux fidèles de « tendre leurs mains vers ceux qui crient à l'aide et demandent notre solidarité ».

« Cette journée est destinée à stimuler les croyants pour qu'ils réagissent contre la culture de la mise au rebut et du gaspillage, en s'appropriant la culture de la rencontre », a-t-il écrit.

Mais le pape a étendu son message de « fraternité » à tous, indépendamment de leur appartenance religieuse. « Ce sont les hommes malheureusement qui ont fait élever des frontières, des murs et des clôtures, trahissant le don original de la Terre destinée à l'Humanité sans aucune exclusion », a-t-il commenté.

Élu le 13 mars 2013, le pape argentin, qui connaît bien les bidonvilles de son pays d'origine, avait déclaré vouloir « une Église pauvre, pour les pauvres ». Expliquant ainsi pourquoi il avait choisi le prénom de Saint François d'Assise pour son pontificat.

Il y a un an, il avait déjà déroulé un tapis rouge au Vatican pour quelque 3500 sans-abri et leurs accompagnants, venus de 22 pays d'Europe. « Je vous demande pardon, pour les chrétiens qui regardent dans l'autre direction devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté », avait alors lancé François.