Les autorités turques ont décidé de lever l'interdiction du port du foulard islamique pour les femmes qui servent comme officiers ou sous-officiers dans l'armée, a rapporté mercredi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

L'armée, qui s'est longtemps présentée comme la gardienne de la laïcité de la République fondée par Mustafa Kemal, était la dernière institution où le port du foulard islamique était interdit en Turquie.

Les femmes pourront désormais, si elles le souhaitent, porter sous leur coiffe militaire un foulard de «la même couleur que l'uniforme», «sans motif» et de «manière à ne pas recouvrir le visage», selon Anadolu, qui cite le ministère de la Défense.

Cette mesure concerne notamment «les officiers qui servent dans les forces de l'armée de terre, de mer et de l'air, les officiers et sous-officiers sous contrat, (...) les cadets», a détaillé Anadolu.

Il n'était pas immédiatement clair si cette réforme, qui entrera en vigueur lors de sa publication au Journal officiel, concerne les femmes qui participent à des missions de combat.

Le premier ministre Binali Yildirim a qualifié cette mesure de «très positive» lors d'un déjeuner avec la presse à Ankara, selon le quotidien proche du pouvoir Yeni Safak.

Le ministère de la Défense avait déjà levé, en novembre dernier, l'interdiction du port du foulard islamique pour le personnel civil de l'armée.

Quelques mois auparavant, les femmes servant dans la police avaient elles aussi été autorisées à porter le voile.

Homme fort de Turquie depuis 2003, le président islamoconservateur Recep Tayyip Erdogan est régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque.

Son gouvernement a autorisé le port du voile dans les universités et au Parlement et, ces dernières années, dans la fonction publique et les lycées, au grand dam des tenants de la République laïque fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk.

Le gouvernement turc rejette les accusations d'islamisation de la société et soutient que ces interdictions du port du voile islamique fermaient les portes des universités et de nombreuses institutions aux femmes qui voulaient le porter.

Lors de la levée de l'interdiction du voile dans la police, les autorités turques avaient argué que plusieurs pays occidentaux, comme l'Écosse ou le Canada, ont déjà permis aux policières de porter le voile.

L'armée turque a longtemps été le bastion de la laïcité en Turquie, mais son influence politique a fortement diminué depuis la tentative de coup d'État du 15 juillet dernier qui a été suivie de purges dans les rangs militaires.