Les Britanniques auront rendez-vous avec l'histoire en juin prochain lors du référendum sur le retrait du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Le vote divise non seulement les électeurs, mais aussi les partis politiques, et pourrait même mener à un deuxième référendum écossais. La Presse a assisté hier soir au premier débat de la campagne.

Pourquoi un référendum ?

Les eurosceptiques sont devenus de plus en plus nombreux au Royaume-Uni au cours des dernières années. En mai 2014, l'UKIP, un parti de droite militant pour le retrait de l'Union européenne, a défié les pronostics en obtenant le plus grand nombre de voix aux élections européennes. Lors de la dernière campagne électorale, le chef du Parti conservateur David Cameron a alors promis de tenir un référendum s'il était réélu, comptant lui aussi plusieurs eurosceptiques au sein de sa formation politique. Le 20 février dernier, Cameron a annoncé la tenue d'un référendum le 23 juin prochain, après avoir négocié une nouvelle entente avec l'Union européenne.

Que disent les eurosceptiques ?

L'Union européenne impose trop de règles aux entreprises et le Royaume-Uni paie trop cher pour son adhésion à l'organisation selon ceux favorables à une sortie. Rester dans l'Europe signifie que le pays devra aussi accepter une union politique avec la Turquie, a indiqué hier Nigel Farage, leader de l'UKIP. « Une union avec la Turquie est une union avec 77 millions de personnes plus pauvres », a-t-il dit, provoquant un mélange de rires et de huées dans l'assistance. Le débat, organisé par le quotidien The Guardian, s'est tenu à guichets fermés devant des centaines de personnes.

Que répondent les pro-Européens ?

Quitter l'Union compromettrait l'accès au marché unique et la libre circulation des travailleurs au sein des pays membres, selon ceux en faveur de l'UE. Le chef de la campagne pour le Oui du Parti travailliste, Alan Johnson, a été chaudement applaudi par la foule lorsqu'il a évoqué une perte d'indépendance advenant un retrait du Royaume-Uni. « En étant à l'extérieur de l'Union européenne, nous serons quand même affectés par ce qui se passe. En étant à l'intérieur, nous avons notre mot à dire », a dit Alan Johnson. « Si nous voulons être une nation forte dans ce monde incertain, il faut se tenir et rester ensemble », a ajouté Nick Clegg, l'ancien vice-premier ministre du pays.

Qu'en pensent les Britanniques ? 

Pas moins de 49 % des Britanniques seraient en faveur d'un Brexit (Britain Exit) selon un sondage publié cette semaine par le Daily Telegraph. Le coup de sonde du quotidien donne 47 % aux partisans de l'Union européenne. Seulement 4 % se sont dits indécis. L'appui à l'indépendance grimpe à 52 % lorsque l'on compte seulement ceux qui prévoient se déplacer pour voter.

David Cameron joue-t-il son avenir ?

Le premier ministre a déjà annoncé qu'il ne se représenterait pas lors des prochaines élections, qui devront se tenir avant mai 2020. Or, plusieurs commentateurs politiques croient qu'il pourrait quitter ses fonctions dès juin prochain s'il perd le référendum. David Cameron est un partisan de l'Union européenne. Récemment, le maire de Londres, Boris Johnson, l'une des personnalités les plus influentes au sein de son parti s'est prononcé en faveur d'une sortie. Plusieurs voient en « Boris » le candidat idéal pour devenir premier ministre et ce dernier n'a rien fait pour atténuer les rumeurs.

Quelles sont les règles du jeu ?

« Le Royaume-Uni devrait-il demeurer membre de l'Union européenne ou quitter l'Union européenne ? » sera la question à laquelle les Britanniques devront répondre. Hier, une étudiante de 17 ans a soulevé la question d'ouvrir le vote aux jeunes âgés de 16 ans. « Je ne comprends pas pourquoi je ne pourrais pas voter sur un enjeu avec lequel je devrai composer plus longtemps que n'importe qui sur cette scène ce soir », a indiqué l'adolescente. La question a divisé les politiciens ainsi que la salle, comme ce fut le cas sur plusieurs autres enjeux au cours de la soirée. Ceux en faveur d'un maintien de l'Union ont souhaité l'abaissement de l'âge du vote. Le chef de l'UKIP, Nigel Farage, a pour sa part mentionné que cet enjeu devrait être débattu « après l'élection ».

Vers autre référendum écossais ?

L'Écosse tiendra « presque certainement » un second référendum sur son indépendance si jamais le Royaume-Uni vote pour une sortie de l'Union européenne, a fait savoir la chef du Parti national d'Écosse, Nicola Sturgeon. « Il est très peu plausible que les Écossais choisissent de tenir un autre référendum », a lancé Andrea Leadsom, ministre de l'Énergie, en faveur de la fin de l'union. Le camp pour le maintien de l'Union avait une tout autre perspective sur ce qui pourrait arriver. « Moi je pense qu'il est très probable qu'ils tiennent un référendum », a dit Alan Johnson.