Une vaste opération antiterroriste a été menée jeudi par la police dans plusieurs villes de Belgique, qui s'est soldée par la mort de deux jihadistes présumés, qui revenaient de Syrie et planifiaient des attentats imminents, une semaine après les attentats meurtriers de Paris.

Le premier ministre Charles Michel a tenu dans la soirée une réunion de crise. «Le gouvernement est déterminé à combattre ceux qui veulent semer la terreur. La peur doit changer de camp», a-t-il affirmé.

«Nous n'avons pas connaissance de menaces concrètes ou spécifiques à venir», a-t-il déclaré. Le niveau d'alerte a toutefois été relevé à 3, sur une échelle maximum de 4, pour l'ensemble du Royaume, a annoncé le porte-parole du premier ministre.

L'opération de la police belge a été menée une semaine après la mort de 17 personnes dans trois attaques perpétrées en France par trois jihadistes français contre le journal satirique Charlie Hebdo et un supermarché juif à Paris, et une policière dans la banlieue parisienne.

La principale intervention a été lancée peu avant 18h00 (17h00 GMT) à Verviers, dans l'est du pays. Elle visait un groupe «sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce de façon imminente», a expliqué au cours d'une conférence de presse un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts.

Photo REUTERS

Les suspects «ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing», dont certaines de type Kalachnikov, a-t-il précisé. Même blessés et au sol, ils ont continué à tirer. «Deux suspects sont décédés, un troisième a été interpellé sur place. Aucun témoin ou policier n'a été blessé».

«J'ai entendu comme une explosion, suivie de plusieurs tirs», a confié une habitante du quartier.

«Aucun lien n'a été établi à ce stade avec les attentats de Paris», a précisé le substitut du procureur Eric Van Der Sijpt.

Au total, une dizaine de perquisitions ont eu lieu dans le pays, principalement à Bruxelles et dans ses environs. Elles visaient «une cellule opérationnelle» dont les cibles étaient les forces de police, a précisé le parquet.

Revenus de Syrie il y a une semaine

L'intervention a été déclarée terminée vers 22h (15h, heure de Montréal). Les abords du bâtiment où a eu lieu la fusillade ont été protégés par une bâche pour permettre à la police scientifique d'opérer. Quatre fusils d'assaut Kalachnikov et du matériel permettant de fabriquer des explosifs ont été saisis.

Les opérations étaient toujours en cours à Bruxelles vendredi à 00h30 (18h30, heure de Montréal), a indiqué le parquet. «Le travail le plus important est fait, mais des arrestations sont encore attendues» dans le pays, a expliqué à l'AFP M. Van der Sijpt.

«C'était une action musclée, mais on peut se réjouir de l'efficacité de notre police, c'est de nature à rassurer la population», a déclaré à l'AFP Marc Elsen, le bourgmestre (maire) de Verviers.

La Belgique a été la cible d'un attentat en mai 2014, avec l'attaque menée contre le musée juif de Bruxelles qui avait fait quatre morts. Le Français Mehdi Nemmouche, revenu de Syrie quelques mois plus tôt, a été inculpé en Belgique après avoir été arrêté à Marseille.

Les responsables de la communauté juive ont décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.

Les suspects de Verviers étaient trois jeunes Belges partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine, ont indiqué les médias, citant des sources policières. Ils avaient été mis sur écoute par la police. Des menaces avaient été proférées ces dernières heures sur internet par des jihadistes belges.

Selon les données officielles, plus de 330 Belges sont partis combattre en Syrie, où 50 sont morts. 101 sont revenus en Belgique.

Verviers est considéré, avec certains quartiers et banlieues de Bruxelles, comme un des principaux foyers de radicalisation islamiste en Belgique. Selon une source judiciaire, l'opération menée jeudi était «une opération belge, sans lien avec des opérations dans d'autres pays».

La justice cherche aussi à déterminer s'il existe des liens entre Amédy Coulibaly, l'un des trois auteurs des attaques de Paris, et un trafiquant d'armes présumé domicilié en Belgique. Selon le parquet fédéral, il est établi que cet homme, déjà connu de la justice pour divers trafics, avait racheté la voiture de Hayat Boumeddiene, la compagne de Coulibaly.