Les gouvernements serbe et albanais ont indiqué dimanche avoir maintenu la visite du Premier ministre Edi Rama à Belgrade, la première d'un chef de gouvernement albanais en 68 ans, mais décidé de la reporter de trois semaines après des incidents survenus lors d'un match de soccer entre les équipes des deux pays.

Le chef du gouvernement albanais et son homologue serbe, Aleksandar Vucic, se sont entretenus dimanche par téléphone et ont convenu que cette visite aurait lieu le 10 novembre, et pas le 22 octobre comme il était initialement prévu, ont indiqué les deux gouvernements.

«Les deux Premiers ministres se sont mis d'accord pour dire que les incidents survenus au stade à Belgrade pendant le match disputé par les sélections nationales de la Serbie et de l'Albanie ont été très malheureux», lit-on dans un communiqué du gouvernement serbe.

«Des désaccords évidents (entre les deux dirigeants, ndlr) sur les origines de cet incident persistent, mais nous ne devons pas et nous n'allons pas rater l'occasion pour se rencontrer et pour travailler sur le maintien de la stabilité régionale», indique-t-on de même source.

Minutieusement préparée, cette visite risquait d'être compromise par un incident survenu mardi lors d'un match de qualification pour l'Euro-2016 de soccer entre la Serbie et l'Albanie, disputé à Belgrade.

Un drone auquel était accroché un drapeau avec la carte de la «Grande Albanie» a alors survolé le stade, provoquant des débordements sur la pelouse puis une crise politique entre les deux États, qui déjà entretiennent des relations très délicates.

La «Grande Albanie» est un projet nationaliste visant à regrouper dans un même État les communautés albanaises des Balkans.

L'arrêt définitif de ce match a viré à la crise politique, Belgrade et Tirana se renvoyant la balle et exigeant chacun «une condamnation» de l'incident.

Au lendemain de ces incidents, l'UEFA a annoncé l'ouverture de procédures disciplinaires contre les Fédérations de soccer des deux pays. L'instance disciplinaire de l'UEFA examinera le cas le 23 octobre.

La Serbie est visée pour jet de fumigènes et projectiles, problème de gestion de spectateurs, envahissement du terrain par des supporters, organisation déficiente et usage de lasers. L'Albanie est visée pour refus de jouer et déploiement d'un drapeau illicite.

Joseph Blatter, président de la FIFA, et Michel Platini, président de l'UEFA, ont condamné les incidents.

En Serbie, après le match incriminé, des hooligans se sont attaqués à plusieurs commerces tenus par des Albanais, notamment à Novi Sad. Une boulangerie a été incendiée par un cocktail Molotov et des vitrines ont été cassées par des jets de pierres.

Redoutant des représailles contre la minorité serbe au Kosovo, le directeur du Bureau du gouvernement serbe chargé de cette ancienne province serbe majoritairement albanaise - qui a unilatéralement proclamé en 2008 son indépendance de la Serbie -, Marko Djuric, a dénoncé ces «attaques contre les citoyens de nationalité albanaise et contre leurs biens».

Il a appelé les autorités à «retrouver et à punir au plus vite ceux qui ont saccagé des biens dont les Albanais sont propriétaires».