L'ex-collaborateur du renseignement américain Edward Snowden fête jeudi le premier anniversaire de l'obtention du droit d'asile en Russie, où sa vie continue à être entourée du plus grand secret, sans aucune apparition publique.

Très peu d'informations ont filtré sur la vie de l'ancien consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine depuis qu'il a obtenu le 1er août 2013 un asile provisoire d'un an en Russie, après être resté plus d'un mois -- selon la version officielle -- dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou.

On ignore par exemple dans quelle ville il habite, s'il travaille et dans ce cas, dans quel domaine il a trouvé un emploi.

La dernière photographie d'Edward Snowden diffusée dans les médias russes remonte à octobre 2013. Portant un tee-shirt rouge et une casquette beige, il semblait se trouver sur un bateau sur la Moskova.

Le site internet populaire LifeNews avait également publié peu avant un cliché de l'ex-consultant faisant ses courses et poussant un chariot de supermarché. Son avocat, Anatoli Koutcherena, avait ensuite confirmé qu'il s'agissait bien de lui.

En avril, Edward Snowden a toutefois fait une intervention inattendue à la séance annuelle de questions-réponses du président russe Vladimir Poutine, l'interrogeant sur la surveillance de la population en Russie.

«J'aimerais vous demander: est-ce que la Russie intercepte, stocke ou analyse d'une quelconque façon les communications de millions d'individus?», avait-il lancé, dans un message vidéo enregistré, apparaissant sur fond noir, portant d'une veste sombre et un tee-shirt gris.

Craintes pour sa vie 

Inculpé aux États-Unis d'espionnage et de vols de documents appartenant à l'État, après avoir révélé l'ampleur de la surveillance électronique opérée dans le monde entier par Washington, il était arrivé à Moscou via Hong Kong avec l'intention de rejoindre l'Amérique latine.

L'ex-conseiller de la NSA, auquel les autorités américaines ont retiré son passeport, est finalement resté en Russie après y avoir obtenu l'asile.

L'avocat russe d'Edward Snowden, Anatoli Koutcherena a assuré mardi que le fugitif craignait toujours pour sa vie.

«Si j'avais la possibilité d'organiser une rencontre avec lui, je le ferais. Mais aujourd'hui, la question de sa sécurité est encore d'actualité», a-t-il déclaré lors d'un forum consacré à l'éducation.

«Je connais ses inquiétudes, son rapport à la vie, son rapport aux gens, je connais ses relations avec ses parents. C'est un homme très honorable», a-t-il ajouté.

En janvier, M. Snowden avait été menacé de mort sur un site internet par des responsables américains dont l'identité n'a pas été révélée.

Importance symbolique 

Alors que s'amenuisent ses espoirs de pouvoir rentrer dans son pays natal ou d'obtenir asile au Brésil, comme il en a fait la demande, Edward Snowden a dû demander une prolongation de son permis de séjour en Russie, qui expire jeudi.

M. Koutcherena avait indiqué début juillet que les documents nécessaires à ce renouvellement avaient été transmis aux services de l'immigration et que la procédure était en cours. Mais à ce jour, les autorités russes n'ont annoncé aucune décision et M. Koutcherena se refuse depuis à tout commentaire sur le sujet.

Des responsables au sein des services de l'immigration ont toutefois indiqué aux agences russes, sous couvert de l'anonymat, que le renouvellement devrait être accordé à Edward Snowden, étant donné que sa vie est toujours en danger, et qu'il appartenait au fugitif d'annoncer ou non la décision.

«La présence même d'Edward Snowden revêt une importance symbolique pour la Russie, contrairement aux informations qu'il détient, qui perdent de leur valeur au fil du temps», explique le politologue Alexeï Makarkine.

«Snowden est devenu un symbole de la lutte pour la liberté, c'est utile pour la Russie. Aujourd'hui, il est l'un des arguments forts qu'elle peut faire valoir auprès de la communauté internationale», alors que ses relations avec l'Ouest s'aggravent chaque jour, ajoute-t-il.