Les Autrichiens renouvellent dimanche leur parlement au cours d'élections législatives qui devraient de justesse maintenir au pouvoir une grande coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs au bilan mitigé et mise sous pression par l'extrême droite.

Quelque 6,4 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire les 183 députés de leur Conseil national, la chambre basse du parlement. Les bureaux de vote ouvrent à 04H00 GMT et les premières estimations sont attendues vers 12H30 GMT.

Une poursuite pour cinq ans de plus de la coalition entre les deux grands partis du centre, les sociaux-démocrates du SPÖ et les conservateurs de l'ÖVP, est le scénario le plus probable, selon les derniers sondages qui les créditent d'environ 50% des suffrages.

Toutefois, il s'agirait de leur plus mauvais score depuis l'avènement de la 2e République, après l'effondrement en 1945 de la dictature nazie.

Les Autrichiens, qui ont privilégié depuis 68 ans les alliances entre ces deux formations, gage de stabilité dans le pays, n'éprouvent pas un grand enthousiasme pour leur gouvernement, dirigé par le social-démocrate Werner Faymann. Ce dernier peut certes mettre en avant un bilan économique honorable. La république alpine, profitant de la force de son principal partenaire commercial l'Allemagne, a traversé la crise de la zone euro sans trop de dégâts et surtout le taux de chômage est resté le plus bas de l'Union européenne, avec 4,8% en juillet, soit un quasi-plein emploi.

Mais les nombreux scandales de corruption ayant éclaboussé tous les partis sauf les Verts, conjugués à des querelles internes paralysantes pour toute réforme, ont lourdement pesé sur la popularité de l'équipe au pouvoir.

La campagne clientéliste et plutôt terne menée par les grands partis n'a pas arrangé les choses et permis à d'autres formations, notamment l'extrême droite du FPÖ, de se ressaisir en fin de parcours.

Remontée de l'extrême droite

Le FPÖ de Heinz Christian Strache, qui a prêché «l'Amour du prochain» -- à condition qu'il s'agisse d'Autrichiens -- à mobiliser autour de ses thèmes habituels, euroscepticisme et anti-immigration. Crédités d'environ 20% des intentions de vote dans les derniers sondages (contre 17,5% il y a cinq ans), les «Bleus» pourraient créer la surprise et ravir aux conservateurs (21 à 22%) leur rang de deuxième parti d'Autriche dimanche.

L'autre force d'extrême droite BZÖ, créée en 2005 par une scission du FPÖ à l'initiative du dirigeant charismatique Jörg Haider, décédé en 2008, a également regagné du terrain et pourrait finalement atteindre la barre des 4% lui permettant de rester au parlement.

Ces deux formations ont également profité d'une perte de vitesse du fantasque milliardaire austro-canadien Frank Stronach (tombé de 12 à 7% dans les intentions de vote), pénalisé par ses prestations peu convaincantes dans les débats télévisés, où est apparue la faiblesse de son argumentation, son évocation d'une invasion de l'Autriche par la Chine ou encore sa proposition de créer un euro différent pour chaque pays.

Le fondateur du géant mondial de l'équipementier automobile canadien Magna a toutefois séduit de nombreux électeurs sensibles à la rhétorique eurosceptique de l'extrême droite, mais mal à l'aise avec des diatribes aux accents racistes envers les immigrés et les demandeurs d'asile.

Si les «Rouges» du SPÖ et les «Noirs» de l'ÖVP échouent à rassembler une majorité des sièges, ils devront composer avec un troisième parti, une constellation inédite en Autriche.

Les Verts (crédités de 14% des voix) seraient sans doute le partenaire le plus probable pour les partis du centre. Leur dirigeante, Eva Glawischnig, a déjà fait savoir son intérêt pour un super-ministère de l'Environnement. Auteur d'une campagne pleine d'humour, axée sur la lutte contre la corruption, le parti compte marquer des points auprès des jeunes, qui peuvent voter dès 16 ans dans le pays. Il y a cinq ans, un quart des 16-30 ans avait donné son suffrage à l'extrême droite.

Une alliance avec les «Neos», nouveau petit parti libéral, susceptible aussi d'atteindre les 4%, serait aussi envisageable pour le couple SPÖ/ÖVP.