Le premier ministre britannique David Cameron a demandé lundi la tenue d'une enquête concernant les allégations d'un ancien policier qui a affirmé avoir reçu l'ordre de ternir la réputation de la famille d'un adolescent noir assassiné il y a 20 ans.

Le journal The Guardian a écrit lundi que l'agent avait infiltré des groupes luttant contre le racisme afin de recueillir des renseignements pouvant discréditer les proches de Stephen Lawrence, un jeune homme de 18 ans poignardé à mort lors d'une attaque raciste en 1993.

«Le fait d'apprendre que, potentiellement, les policiers qui auraient dû protéger (les membres de la famille) les discréditaient - c'est horrible», a déclaré M. Cameron à Downing Street.

«Nous devons nous assurer que ces enquêtes puissent rapidement cerner dans le détail tout ce qui s'est passé, et que nous obtenions l'entière vérité», a ajouté le premier ministre.

L'investigation sur la manière dont la police londonienne a traité le meurtre a conclu que le corps policier faisait preuve d'un «racisme institutionnalisé».

Selon l'enquête, la famille Lawrence a été traitée de façon insensible et antipathique par les autorités policières, lesquelles auraient sciemment dissimulé des renseignements en plus de nier que le meurtre était un crime raciste.

L'an dernier, soit près de 20 ans après le tragique événement, deux hommes ont été reconnus coupables du meurtre de Stephen Lawrence, après que de nouvelles preuves scientifiques et du matériel vidéo eurent fait surface. L'un d'entre eux avait été acquitté en 1996. Trois autre suspects sont toujours libres et nient toute implication dans cette affaire.

L'ex-policier Peter Francis a raconté au quotidien The Guardian qu'alors qu'il se faisait passer pour un militant anti-racisme, il avait subi des pressions de la part de ses supérieurs pour trouver de l'information pouvant être utilisée afin d'ébranler la crédibilité de ceux qui réclamaient une enquête plus approfondie sur l'assassinat de Stephen Lawrence.

M. Francis a également affirmé que, durant ses quatre années d'infiltration, il avait pris pour cible les amis de la victime et d'autres militants.

L'ancien patron de la Scotland Yard Paul Condon a soutenu qu'il n'avait jamais autorisé ou encouragé de campagne de dénigrement contre la famille Lawrence, et s'est dit à la fois choqué et consterné par les révélations de Peter Francis.