La presse russe, citant des experts ou politiques, évoquait lundi matin toutes les hypothèses pour expliquer le décès à Londres de l'ex-oligarque et opposant Boris Berezovski, jusqu'à un meurtre par le MI5 ou une simple mise en scène.

«Berezovski a fait un mystère même de sa mort», titrait en Une le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda, dans une allusion à la réputation de l'ancien milliardaire exilé en 2000, qui avait été considéré à la fin des années 1990 comme l'éminence grise du Kremlin.

L'ex-oligarque russe de 67 ans a été retrouvé mort samedi près de Londres, un décès qui reste «inexpliqué» pour la police britannique.

L'annonce a aussitôt fait naître des soupçons de meurtre.

La chaîne publique Pervy Kanal cite à ce propos l'avis d'Andreï Lougovoï, un ancien membre du FSB russe qui est lui-même soupçonné par la police britannique de l'empoisonnement au polonium-210 en 2006 à Londres du transfuge Alexandre Litvinenko.

«Quand des gens comme lui sont assassinés, il faut comprendre qu'il y a toujours une raison. (...) Faire du bruit et accuser la Russie? C'est ridicule, il n'y a pas de bénéfice politique à en tirer», a affirmé M. Lougovoï, que la Russie a refusé d'extrader et qui est devenu député de la Douma (chambre basse).

Un autre député, le leader du Parti libéral-démocrate (populiste pro-Kremlin) Vladimir Jirinovski, envisage pour sa part un meurtre commis non par les services russes, mais par le MI5, le service de renseignement britannique, dans les pages du journal Izvestia.

Selon M. Jirinovski, qui dit avoir rencontré Boris Berezovski de manière fortuite lors de vacances en Israël en janvier, celui-ci voulait revenir d'exil et faire amende honorable. Une version déjà avancée par le Kremlin, mais sur laquelle des proches de M. Berezovski ont émis de grands doutes.

«Mais nous (la Russie, NDLR) n'avons pas eu le temps, c'est sûr, les services secrets britanniques ont tout appris, ils écoutaient son téléphone», a déclaré M. Jirinovski à Izvestia.

«Il est possible qu'ils aient accéléré sa fin. Tous les services secrets ont cette tactique. Il y a aujourd'hui beaucoup de possibilités de provoquer un infarctus ou une attaque», a-t-il ajouté.

Le politologue et député pro-Kremlin Viatcheslav Nikonov, cité par Pervy Kanal, va pour sa part jusqu'à avancer que Boris Berezovski n'est peut-être pas mort.

«Il y a eu tellement de mises en scène, de combines et de plans - c'est un cerveau diabolique - que je ne pouvais pas m'imaginer que cet homme pouvait mourir de cette façon. (...) C'est pourquoi tant qu'il n'y aura pas de preuves qu'il est mort, j'aurai des doutes», a déclaré M. Nikonov.