Priorité à l'école primaire, 60 000 postes d'enseignants supplémentaires, apprentissage de l'hymne européen... Les députés français adoptent mardi une vaste réforme de l'école en France qui n'a pas unifié la classe politique et laisse de côté le problème des rythmes scolaires.

Le choix a été «d'avancer sur les sujets partagés par tout le monde», la priorité au primaire (enfants de 6 à 10 ans) et la formation des enseignants, a récemment fait valoir le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon.

Après plus de quarante heures de débats, seuls les députés socialistes et écologistes devaient cependant voter en faveur du texte qui sera ensuite transmis au Sénat. Le centre et l'extrême gauche devaient s'abstenir.

Dans l'opposition de droite, le «non» sera de mise. Le parti conservateur UMP a jugé le texte «idéologique» et «trop bavard», un ancien ministre, Benoist Apparu, allant jusqu'à juger que le projet «ne réduira ni les inégalités scolaires, ni le nombre d'élèves en grande difficulté».

Mesure phare du projet et promesse de campagne électorale du président François Hollande, la création de 60 000 postes dans l'Éducation nationale est prévue sur cinq ans. Quelque 54 000 postes bénéficieront à l'Éducation, 5000 à l'enseignement supérieur et 1000 à l'enseignement agricole.

Entre 2007 et 2012, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, environ 80 000 postes avaient été supprimés dans l'éducation.

Le texte prévoit de créer à nouveau une formation professionnelle des enseignants dès la rentrée 2013 avec les Écoles supérieures du professorat et de l'éducation, et donne la priorité au primaire avec notamment un renforcement de la scolarisation des moins de trois ans, encouragée dans les secteurs difficiles pour lutter contre l'échec scolaire.

Enseigner les langues et cultures régionales

Pour améliorer les résultats «alarmants» en langues étrangères, les élèves âgés de six ans vont avoir l'obligation d'en apprendre une. Par ailleurs, le redoublement, coûteux et d'une efficacité pédagogique «pas probante», va devenir «exceptionnel».

Pour promouvoir le respect de la personne, de ses origines, de ses différences et de l'égalité homme-femme, les élèves apprendront l'hymne européen (une adaptation de l'Ode à la Joie de Beethoven) en plus de l'hymne national. Les enseignants sont aussi invités dans le projet à intégrer les langues et cultures régionales dans leur enseignement.

Un Service public de l'enseignement numérique et de l'enseignement à distance sera par ailleurs créé pour prolonger les enseignements, communiquer avec les familles, offrir des ressources pédagogiques aux enseignants ou permettre d'instruire à distance des élèves handicapés.

L'épineuse question de l'organisation de la semaine scolaire, que le gouvernement veut faire passer à quatre jours et demi contre quatre aujourd'hui, imposant des journées très longues de travail aux élèves, ne fait pas partie du projet de loi.

Contestée par l'opposition, par des enseignants et par des parents, cette réforme a fait l'objet d'un décret en janvier. Plusieurs villes, y compris socialistes comme Lille (nord) et Lyon (centre-est), ont décidé d'attendre 2014 pour l'appliquer. Paris, dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë, a décidé de la faire entrer en vigueur à la rentrée de septembre 2013.

La semaine de 4 jours et demi a été abandonnée en 2008. «C'est une réforme très importante, mais très difficile, car il faut tout réorganiser», a admis Vincent Peillon.

En France, l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans.