À la veille d'une date butoir fixée par Nicolas Sarkozy, les rivaux pour la tête de l'UMP Jean-François Copé et François Fillon, se sont retrouvés lundi pour tenter d'en finir avec la crise qui secoue la première formation d'opposition depuis deux semaines.

Une séance de conciliation réunissait les deux protagonistes en fin de matinée à l'Assemblée nationale alors que leurs partisans respectifs multipliaient les déclarations de bonne volonté.

Luc Chatel, élu vice-président sur le ticket de Jean-François Copé, a évoqué un «espoir de sortie de crise» tandis que le «filloniste» Jérôme Chartier saluait «une avancée importante, significative» du camp Copé.

Jean-François Copé, dont l'élection de justesse à la présidence du parti de droite est contestée par François Fillon, a en effet effectué dimanche un pas vers un possible compromis, en acceptant le principe d'une nouvelle consultation des militants.

Le poste de président de l'UMP est considéré en France comme un tremplin crucial pour la prochaine présidentielle de 2017.

Lundi matin, la perspective d'un accord paraissait cependant encore lointaine, les deux hommes continuant à s'opposer sur le calendrier : M. Copé a proposé l'organisation d'un référendum en janvier sur une possible remise en jeu anticipée de son poste de président, mais seulement après les prochaines élections municipales, soit en 2014. Un délai jugé inacceptable par M. Fillon.

«Ce nouveau vote doit avoir lieu dans les plus brefs délais et dans des conditions d'organisation impartiales, équitables et transparentes», a-t-il réclamé. M. Fillon estime avoir été volé de sa victoire le 18 novembre par une série de «fraudes» qui auraient entaché le scrutin.

Ultimatum de Sarkozy

Nicolas Sarkozy, dont le retrait de la vie politique après sa défaite à l'élection présidentielle est à l'origine de la crise de leadership au sein de l'UMP, s'est activé en coulisse pour tenter de trouver une issue à cette situation absurde.

Il a sommé vendredi Jean-François Copé et François Fillon de trouver une solution avant mardi, faute de quoi il dirait «publiquement» qu'ils sont «disqualifiés» pour diriger le parti, selon des sources concordantes.

Le député Bernard Accoyer, membre des «non-alignés» qui assistent, atterrés au déchirement de leur parti, a pressé les deux hommes de se parler «à huis clos et non par médias interposés pour trouver dans la journée, au besoin même jusqu'à la nuit prochaine, la solution que tout le monde attend de ses voeux».

Car en l'absence d'accord, le divorce sera consommé : François Fillon concrétisera la création de son propre groupe parlementaire baptisé Rassemblement UMP (RUMP), avec participation mardi à une conférence hebdomadaire des présidents de groupe et nouvelle répartition des sièges dans l'hémicycle. L'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy peut compter sur l'adhésion de 72 députés sur les 194 actuellement inscrits au groupe UMP.

Le nouveau groupe éviterait à M. Fillon de se faire marginaliser sur la scène politique par son ambitieux rival et lui permettrait de bénéficier de moyens matériels et financiers indispensables pour repartir à la conquête du parti.

M. Copé a dénoncé dimanche «l'aventure mortifère d'un groupe dissident» dont la concrétisation serait «une folie».

Pour sortir de l'impasse, certains ténors du parti comme l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, un proche de Nicolas Sarkozy, ont préconisé la réunion d'un comité des sages, composé notamment des anciens premiers ministres et des anciens secrétaires généraux du parti, pour fixer les modalités et le calendrier d'un nouveau vote.

PHOTO GONZALO FUENTES, ARCHIVES AFP

L'ex-premier ministre François Fillon.