La Russie a signifié aux États-Unis qu'elle ne voulait pas prolonger sa participation au programme de désarmement Nunn-Lugar, qui vise depuis la fin de l'URSS à assurer la destruction d'armes nucléaires et chimiques, a indiqué mercredi un vice-ministre des Affaires étrangères.

«La partie américaine sait que nous ne souhaitons pas de nouvelle reconduction» après l'expiration du programme existant en mai 2013, a déclaré le vice-ministre Sergueï Riabkov, cité par l'agence de presse Interfax, soulignant que la situation avait «changé» en Russie depuis le début des années 1990.

«Cet accord ne nous convient pas, a fortiori si l'on tient compte du fait que la situation a changé en Russie, que nos capacités financières se sont nettement renforcées», a poursuivi M. Riabkov.

«Une grande partie de ce qui était effectué grâce au programme Nunn-Lugar est achevée et ne constitue plus un problème», a-t-il encore déclaré.

Le vice-ministre des Affaires étrangères a démenti tout lien entre cette décision et celle d'interdire à compter du 1er octobre les activités en Russie de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), qui finançait des programmes divers depuis 20 ans.

«Il n'y a aucun lien», a-t-il déclaré, réagissant à des publications dans la presse russe.

Le programme CTR (Cooperative Threat Reduction Programs) est plus connu sous le nom de programme Nunn-Lugar, du nom des deux sénateurs américains à l'origine du projet, initié en 1991 et ratifié l'année suivante par le Congrès américain.

Il visait à pallier les risques entraînés par l'implosion de l'URSS en favorisant, avec des financements américains, la reconversion des industries militaires, la protection des technologies sensibles, mais aussi la surveillance et la destruction des arsenaux nucléaires et chimiques dans les pays de l'ex-Union soviétique.

Le site internet du programme indique qu'il a permis d'aider la Russie à organiser et à financer le démantèlement de plus de 6000 ogives nucléaires, ainsi que celui de stocks d'armes chimiques et biologiques.

Mais les opérations de surveillance du programme ont aussi impliqué que les services américains accédaient à des informations sensibles.

Moscou «souhaite une coopération normale, d'égal à égal et mutuellement avantageuse dans le domaine concerné, y compris (pour des programmes) concernant des pays tiers», a déclaré M. Riabkov.

Selon le journal Kommersant, les États-Unis ont tenté en vain de convaincre la Russie d'accepter la prolongation des programmes Nunn-Lugar.

L'ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul, a affirmé à l'agence Interfax que des négociations se poursuivaient sur la poursuite d'un partenariat dans ce domaine.