Le procès de trois membres du groupe Pussy Riot, jugées depuis fin juillet à Moscou pour une «prière» contre le président russe, a repris lundi avec une audience qualifiée de «surréaliste» par une députée britannique assistant aux débats, a constaté une journaliste de l'AFP.

La salle du tribunal Khamovnitcheski de Moscou, où se déroule le procès de Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, assises dans une cage en verre, était à nouveau pleine à craquer lundi face à l'afflux de dizaines de journalistes.

Les trois jeunes femmes, en détention depuis cinq mois, doivent répondre de «hooliganisme» et encourent jusqu'à sept ans de détention pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une «prière punk» anti-Poutine.

Dès le début, l'audience a été marquée par des altercations entre les avocats des Pussy Riot et la présidente du tribunal, Marina Syrova, qui avait rejeté vendredi la plupart des témoins cités par la défense.

La juge accuse «l'avocat de la défense de trop parler (...), la juge continue de l'interrompre», a écrit sur son compte Twitter la députée britannique Kerry McCarthy, du Parti travailliste, qui a assisté aux débats de même que des représentants de plusieurs ambassades occidentales.

«C'est un peu surréaliste la manière dont la juge interrompt les discussions à certains moments. Je ne crois pas que cela pourrait arriver en Grande-Bretagne», a ajouté la députée.

«Je n'ai pas le sentiment qu'il s'agit d'un procès équitable et que les prévenues soient en mesure de faire valoir leur point de vue», a-t-elle ajouté.

«Toutes les personnes à qui j'ai parlé s'attendent à une condamnation, mais espèrent une peine clémente, pas sept ans» de détention, a-t-elle encore dit.

L'ex-magnat du pétrole et critique du pouvoir russe Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2003, a déclaré lundi avoir honte pour son pays en suivant le déroulement de ce procès depuis sa cellule de prison en Carélie (nord-ouest de la Russie).

«J'ai vraiment honte pour l'absence de scrupules de l'État qui fait honte à notre Russie, mais pas pour ces trois filles -- le radicalisme de jeunesse est une erreur qui peut être pardonnée», a écrit M. Khodorkovski dans un communiqué publié sur son site.

La «prière» contre Vladimir Poutine a suscité de nombreuses réactions de désapprobation dans un pays qui a connu depuis la chute du régime soviétique en 1991 un renouveau religieux.

Mais de nombreuses personnalités russes et étrangères ont pris la défense des prévenues, jugeant les poursuites et leur maintien en détention disproportionnés avec les faits.

Des musiciens britanniques de renom parmi lesquels Pete Townshend, les Pet Shop Boys et Sting, ainsi que des stars américaines comme le chanteur du groupe de rock Red Hot Chili Peppers et Anthony Kiedis ont ainsi exprimé leur soutien aux jeunes femmes.

La chanteuse américaine Madonna, arrivée à Moscou où elle donnera un concert mardi, a indiqué avant sa visite ne pas être au courant de la controverse sur les Pussy Riot et semblait choquée lorsqu'elle a appris que les jeunes femmes étaient en détention depuis cinq mois.

Jeudi dernier, le président Poutine a estimé qu'il n'y avait «rien de bon» dans ce que les jeunes femmes avaient fait, mais il a déclaré qu'elles ne devraient pas être jugées «trop sévèrement».