L'Italie était en émoi jeudi après l'immolation par le feu d'un maçon poursuivi pour fraude fiscale à Bologne (nord) et d'un Marocain de Vérone (nord) qui n'était plus payé depuis des mois.

Avant de commettre son geste désespéré mercredi, Giuseppe C., 58 ans, a écrit des lettres au Trésor public, à des amis et à sa femme. Il a été secouru par un agent de la circulation et transporté à l'unité des grands brûlés de l'Hôpital de Parme, ont indiqué les médias italiens.

«C'est un terrible signe de désespoir, un cas unique de détresse qui illustre un moment de grande difficulté», a commenté l'ex-chef de gouvernement de gauche Romano Prodi, qui réside à Bologne. «J'espère qu'il survivra, mais il se trouve dans un état très grave», a-t-il ajouté.

Le Marocain de 27 ans, lui aussi maçon, s'est immolé jeudi sur une place de Vérone après avoir hurlé qu'il n'avait pas été payé depuis quatre mois, a indiqué la police locale.

«Il a crié qu'il n'avait pas été payé depuis quatre mois et a ensuite versé de l'essence sur son corps avant d'y mettre le feu. Des policiers se sont précipités pour éteindre les flammes et il a été transporté à l'hôpital», a raconté à l'AFP Pasquale d'Antonio, de la police de Vérone.

Giuseppe C. devait assister à la première audience de son procès pour fraude fiscale. Le parquet l'accusait de ne pas avoir payé 104 000 euros (138 000 $) d'impôts et d'amendes remontant à 2007.

«En flammes pour les impôts: le fisc est en train de tuer le pays», affirmait jeudi en Une le quotidien de droite Il Giornale, propriété de la famille Berlusconi, tandis que La Repubblica (gauche) évoquait «la tragédie d'un homme étranglé par la crise économique».

Le maçon a commis son geste à l'intérieur de sa Fiat Punto sur le stationnement d'une ancienne agence du Trésor. «J'ai toujours payé mes impôts», a-t-il écrit dans une lettre aux impôts, dont des extraits ont été publiés par le journal Il Corriere della Sera.

Dans cette lettre, il demande pardon aux impôts, qu'il prie de «laisser sa femme tranquille».

«Je n'étais pas au courant de problèmes d'argent. Il ne voulait pas m'ennuyer avec ça...», a déclaré sa femme Tiziana au Corriere. Dans la lettre qu'il lui a adressée, Giuseppe a écrit: «Je voulais te dire au revoir, mais tu dormais tellement bien. C'est une journée terrible».

Le gouvernement de Mario Monti a lancé une intense campagne de lutte contre l'évasion fiscale en Italie, qui croule sous une dette colossale (120% de son PIB).

Giuseppe C. n'est pas le premier Italien à faire une tentative de suicide pour une histoire d'impôts, mais il est le premier à s'immoler par le feu.