Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, dont la démission prochaine a été annoncée dans la soirée de mardi, déclare qu'il ne se représentera pas en cas d'élections anticipées, dans une interview exclusive à La Stampa publiée mercredi.

«Je ne me représenterai pas, et même, je me sens libéré», affirme le Cavaliere, 75 ans, ajoutant qu'il souhaite remettre le flambeau à son dauphin, Angelino Alfano à qui il a déjà confié les rênes de son parti comme secrétaire général du Peuple de la Liberté (PDL, centre-droit).

«Maintenant c'est l'heure d'Alfano, ce sera lui notre candidat, il est vraiment bon, plus qu'on ne pourrait le penser et son leadership a été acccepté par tous», explique-t-il.

«Avant, nous devons donner des réponses immédiates aux marchés. Nous ne pouvons plus attendre pour approuver les mesures décidées, je me suis engagé auprès de l'Europe et avant de partir, je veux tenir ma promesse», explique-t-il.

«Mais je lance un appel à tous, majorité et opposition, pour que ces mesures passent au plus vite et ensuite je démissionnerai», poursuit le président du Conseil, qui situe la date de sa démission avant la fin de ce mois.

«Il est important d'aller vite: plus vite nous agissons plus vite nous sortons de ce manège infernal, de cette situation incroyable, avec les marchés qui poussent», insiste-t-il.

M. Berlusconi a remporté mardi un vote test à la Chambre des députés, mais a perdu la majorité absolue ce qui l'a contraint à annoncer sa démission dans la soirée.

En accord avec le chef de l'État Giorgio Napolitano, il remettra son mandat dès que le parlement aura adopté des mesures budgétaires et économiques promises à l'Union européenne, probablement d'ici fin novembre.

Le président de la République a annoncé qu'il entamerait aussitôt des consultations tant avec la majorité qu'avec l'opposition en vue de la formation d'un nouveau gouvernement. Il ne convoquera des élections anticipées que s'il ne parvient pas à trouver une nouvelle majorité.

«Certes, le chef de l'État mènera ces consultations, mais je ne vois pas de majorité alternative possible», estime M. Berlusconi qui rejette toute alliance avec le Parti démocrate (opposition de gauche) ou les centristes». «Il ne reste que la voie royale, celle des élections», estime-t-il.

Sur le plan personnel, il ne cache pas son amertume sur «les traîtres» de son parti qui se sont abstenus mardi, aux côtés de l'opposition.

«Il est arrivé une chose hallucinante, à laquelle j'ai du mal à croire, j'ai été trahi par ceux que j'ai portés dans mon coeur toute ma vie, dit-il citant l'un des députés, dont la fille est sa filleule, ou une autre qu'il rebaptise Iscariote (surnom de Judas dans les Évangiles).

Qu'envisage-t-il de faire à l'avenir? «Je ferai le père fondateur de mon parti et peut-être que je me remettrai à faire le président du Milan» AC, le club de foot qu'il préside.

Poussé dans ses retranchements, il se déclare prêt à «donner un coup de main pendant la campagne électorale, ça, c'est quelque chose qui m'a toujours très bien réussi».

«Mes enfants sont très heureux si je quitte la politique, ils espèrent ainsi se réveiller le matin sans devoir lire dans les journaux du monde entier des attaques contre moi, et puis ils savent que je suis fatigué».