Un juge canadien doit annoncer lundi matin à Ottawa sa décision concernant l'éventuelle extradition vers la France du Canado-Libanais Hassan Diab, soupçonné d'implication dans l'attentat de la rue Copernic à Paris en 1980.

Les défenseurs et amis de M. Diab, ex-universitaire né en 1953 qui avait enseigné à Ottawa, semblaient pessimistes à la veille de ce verdict qui doit être prononcé par le juge Robert Maranger.

Ils ont interprété certains propos du juge comme préfigurant une décision en faveur de l'extradition, tout en soulignant les doutes du magistrat quant à la validité des preuves à charge présentées par la France.

Le juge de la Cour supérieure de l'Ontario a laissé entendre qu'il devrait trancher en faveur de l'extradition, car la loi canadienne en la matière «ne lui permettait pas d'écarter une preuve manuscrite, même s'il l'a décrite comme "très problématique", "très déroutante" et entachée de "conclusions suspectes"», déclare le comité de soutien du suspect dans un communiqué.

Il s'agit en fait d'une expertise graphologique fournie par la France. Selon son auteur, Anne Bisotti, une ressemblance existe entre l'écriture de Hassan Diab et un formulaire hôtelier rempli par une personne probablement impliquée dans l'attentat de la rue Copernic.

Cette expertise avait été contestée par trois experts graphologues mobilisés par la défense de Diab, relève le comité de soutien.

Hassan Diab avait été arrêté en novembre 2008 à la demande de la justice française, puis remis en liberté conditionnelle fin mars 2009.

Mais les conditions de sa libération conditionnelle sont très strictes, les autorités judiciaires canadiennes estimant qu'il a toutes les raisons de s'enfuir vers un pays d'où il ne pourrait pas être extradé vers la France.

Il doit porter un bracelet électronique et couvrir le coût de son fonctionnement, soit 2500 dollars canadiens par mois. Ses déplacements hors de son domicile sont strictement limités.

Né au Liban, ayant fait une partie de ses études aux États-Unis, il avait acquis la citoyenneté canadienne en 1993, tout en gardant son passeport libanais.

L'homme, qui affirme être victime d'une homonymie, risque la prison à perpétuité en France.

L'ex-enseignant de sociologie est soupçonné d'avoir fait partie du Front Populaire de libération de la Palestine - Opérations Spéciales (FPLP - OS), un groupe radical qui serait responsable de l'attentat de la rue Copernic ayant fait quatre morts près d'une synagogue.

Il y a 30 ans, le 3 octobre 1980, une bombe constituée d'une dizaine de kilos de pentrite et fixée sur une moto avait explosé près de la synagogue de la rue Copernic à Paris.

Cette moto avait été achetée quelques jours plus tôt par un certain Alexandre Panadriyu, de nationalité chypriote. En réalité une fausse identité derrière laquelle se serait caché, selon la France, Hassan Diab.

La décision finale sur l'extradition de Diab revient au ministre canadien de la Justice. Cependant, en règle générale, le ministre suit l'avis de la cour ayant examiné la demande.