Le chef du parti socialiste francophone belge, Elio Di Rupo, a été chargé lundi par le roi Albert II de former un nouveau gouvernement, une mission qui si elle réussit ferait de lui le premier francophone à diriger le gouvernement belge depuis 32 ans.

Le roi a chargé M. Di Rupo «de former un gouvernement et lui a demandé de prendre toute initiative utile à cet effet. M. Di Rupo a accepté cette mission», indique un bref communiqué du Palais royal.

Les négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement se sont enlisées depuis les élections du 13 juin 2010 en raison des fortes divergences entre Flamands et francophones sur l'avenir des institutions du royaume.

Durant l'été 2010, M. Di Rupo, 59 ans, avait été chargé d'une mission de «préformation» du gouvernement, qui avait échoué début septembre.

Depuis lors, face au blocage, le roi avait nommé plusieurs médiateurs mais il n'avait jamais formellement chargé un responsable de former un gouvernement.

Le Parti socialiste (PS) avait remporté les élections côté francophone, en Wallonie et à Bruxelles, tandis que les indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande (N-VA) de Bart De Wever l'avait emporté chez les néerlandophones.

Une réforme des institutions fédérales, accordant notamment encore plus de pouvoirs aux régions belges, est le préalable posé par les partis flamands à la constitution d'un nouveau gouvernement de plein exercice.

Le 12 mai, un énième médiateur, le chrétien-démocrate flamand Wouter Beke, avait achevé une mission de deux mois qui n'avait semble-t-il pas permis d'engranger de véritable percée, même s'il avait dit avoir pu poser «les bases» de quatre points parmi les plus délicats.

M. Beke avait cité la scission, réclamée par la Flandre, de la circonscription électorale bilingue français-néerlandais de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la «régionalisation» de la politique de l'emploi et de la santé, ainsi que la réforme du système de financement des régions, qui leur accorderait une plus large autonomie.

Mais, preuve des difficultés persistantes, Albert II n'avait pas immédiatement nommé de personnalité pour reprendre le fil des négociations, francophones et Flamands n'ayant pas réussi à ce moment là à décider qui d'Elio Di Rupo ou de Bart De Wever devait reprendre la main.

Les nouvelles consultations qu'a menées le souverain belge depuis jeudi avec l'ensemble des partis ont donc permis de trancher sur ce point, puisque Elio Di Rupo a été désigné «formateur».

Sa tâche paraît toutefois encore ardue et pourrait prendre plusieurs semaines, mais s'il réussit, M. Di Rupo deviendrait le premier francophone à occuper la fonction de chef de gouvernement belge depuis Paul Vanden Boeynants, Premier ministre du 20 octobre 1978 au 2 avril 1979.