Guido Westerwelle, le plus impopulaire des ministres allemands des Affaires étrangères de l'après-guerre, a annoncé dimanche quitter la présidence du parti libéral (FDP) après des échecs électoraux répétés de ce partenaire minoritaire d'Angela Merkel.

«Après 10 ans comme président du parti, je ne me représenterai pas lors du Congrès fédéral en mai», a déclaré M. Westerwelle lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte.

«Je concentrerai mon travail sur ma fonction de ministre des Affaires étrangères», a-t-il ajouté.

M. Westerwelle, 49 ans, qui a également rang de vice-chancelier, n'a pas donné d'indications sur celui qui pourrait le remplacer à la tête du parti.

L'exécutif du FDP devait se réunir pour en discuter lundi. Le ministre de la Santé Philippe Rösler, 38 ans, d'origine vietnamienne, et le secrétaire général du parti, Christian Lindner, 32 ans, font figure de favori.

«C'est un jour exceptionnel pour moi, mais je suis sûr que c'est la meilleure solution, également pour assurer un changement de génération au FDP», a estimé M. Westerwelle.

Les libéraux se déchirent à belles dents depuis leurs récentes défaites électorales régionales. La crise de crédibilité s'est transformée en «crise existentielle», selon la presse, et cette cacophonie au sein de la formation alliée à ses conservateurs CDU, comme la menace directe sur son vice-chancelier, pourrait affecter Mme Merkel.

Le quotidien berlinois Tagesspiegel écrivait dimanche que le FDP devenait un boulet pour le gouvernement de la première économie européenne.

«Les gens sont en droit d'attendre que leur gouvernement prenne au sérieux leurs problèmes au niveau local, national et international». «Et tout le temps, pas seulement (...) lorsqu'un partenaire de coalition a repris ses esprits».

Allié des conservateurs d'Angela Merkel, M. Westerwelle, qui était rentré dimanche matin d'un voyage en Chine et au Japon, est le ministre allemand des Affaires étrangères le plus impopulaire de l'après-guerre, selon de récents sondages.

24% des personnes interrogées pour le magazine Der Spiegel voulait ainsi qu'il joue un rôle important dans le futur, contre 58% pour Mme Merkel.

Premier chef de la diplomatie ouvertement homosexuel en Europe, il n'avait quasiment aucune expérience internationale lorsqu'il a fait son entrée au gouvernement en septembre 2009.

Le poste de ministre des Affaires étrangères est traditionnellement réservé au parti d'appoint à la coalition au pouvoir, et le FDP, qui a longtemps joué les «faiseurs de rois» en s'associant aux conservateurs de la CDU ou aux sociaux-démocrates du SPD, a souvent ainsi dirigé la diplomatie allemande.

Grand, mince, toujours élégant, doté d'un redoutable sens de la formule, cet avocat de formation avait eu des débuts difficiles avec Mme Merkel, notamment en raison de différends sur les réductions d'impôts et les réformes du système de santé.

Depuis son accession au pouvoir il y a 18 mois le FDP est régulièrement critiqué pour ses reniements (sur la réforme de la politique de santé, le nucléaire ou les impôts). Mais la crise de confiance a réellement éclaté au lendemain de trois élections régionales le mois dernier.

Le FDP a échoué à obtenir le moindre siège aux parlements régionaux de Saxe-Anhalt (est) et de Rhénanie-Palatinat (ouest), et n'a dépassé que de justesse la barre des 5% de suffrages nécessaires pour rester au parlement de Bade-Wurtemberg.

Aux élections fédérales de septembre 2009, le FDP avait réalisé près de 15%.

Selon un sondage, 69% des électeurs ont attribué la responsabilité des revers électoraux de mars à M. Westerwelle personnellement.