Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi une concertation sur le «malaise» de la justice, après avoir provoqué une mobilisation sans précédent des juges, dont il a mis en cause le travail dans une affaire atroce de meurtre.

Le chef de l'État français a indiqué, sur la chaîne privée TF1, que le ministre de la Justice Michel Mercier allait engager dès vendredi «une consultation très ouverte» pour connaître les «raisons de ce malaise» dans la magistrature.

Les magistrats se sont rassemblés jeudi devant les palais de justice de France. À Nantes, dans l'ouest de la France, plus de 2000 représentants des métiers de la justice -magistrats, avocats, greffiers, travailleurs pénitentiaires et même policiers- ont manifesté sous une banderole «La justice est en danger, unissons-nous».

C'est de là qu'est parti le mouvement, lorsque Nicolas Sarkozy, le 3 février, a promis des sanctions pour les «fautes» et «dysfonctionnements» à l'origine selon lui de la remise en liberté du meurtrier présumé d'une fille de 18 ans, Laetitia, dans la région nantaise.

Le suspect de ce crime particulièrement horrible, puisque le corps de la victime a été démembré, est un délinquant récidiviste.

Les magistrats n'ont pas supporté cette mise en cause avant même que ne soient connus les résultats des enquêtes en cours, et alors qu'ils tirent depuis des années la sonnette d'alarme sur le manque de moyens de la justice.

«Tout n'est pas une question de moyens», a répliqué jeudi à la télévision le président français. «S'il y a eu des fautes, il faudra qu'il y ait des responsables», a-t-il ajouté, tout en assurant avoir de l'estime pour les magistrats qui «sont compétents, sont honnêtes et sont diligents».

Depuis les propos tenus par le président Sarkozy, la quasi-totalité des tribunaux et cours d'appel ont organisé des assemblées générales et décidé à la quasi-unanimité de renvoyer les audiences non urgentes au moins jusqu'à jeudi soir.

Il s'agit d'une véritable «lame de fond» qui traduit un profond malaise, un «ras-le-bol» généralisé, selon les syndicats des magistrats. Leur mouvement est soutenu par la majorité des Français, selon deux sondages publiés jeudi (65% pour BVA, 60% selon Harris).

Nicolas Sarkozy a également annoncé jeudi sur TF1 de nouvelles mesures pour lutter contre la délinquance et la criminalité.

Il a de nouveau plaidé pour la présence de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels et a annoncé que la réforme initialement prévue pour la fin de l'année serait mise en place «avant l'été». Il a également promis de nouvelles mesures pour mieux lutter contre la délinquance des mineurs.