L'un des prétendants socialistes à l'élection présidentielle de 2012 a déclenché une polémique dans son propre camp en remettant en cause dimanche la durée du temps de travail en France, fixée à 35 heures par semaine, au grand plaisir du parti UMP (droite) du président Nicolas Sarkozy.

Candidat aux primaires que le PS doit organiser cette année en vue de la présidentielle, Manuel Valls a expliqué que si la gauche revenait au pouvoir en 2012, elle devrait «déverrouiller les 35 heures» pour permettre aux Français de «travailler plus et travailler mieux».

Le député-maire d'Evry, 48 ans et classé à la droite du PS, s'attaque ainsi à une mesure phare du gouvernement socialiste de Lionel Jospin (1997-2002), qui avait fait passer le temps de travail de 39 à 35 heures en France, avec en contrepartie une plus grande flexibilité des horaires.

Considéré à droite comme un handicap pour l'emploi et l'économie, ce dispositif a été assoupli en 2003 et surtout après l'élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, dont le slogan était «travailler plus pour gagner plus».

Lundi matin, Benoît Hamon, porte-parole du PS et représentant de l'aile gauche du parti, a réagi en invitant Manuel Valls «à revenir dans le droit chemin».

«Tout ce qui remet en cause la réduction du temps de travail, c'est un combat d'arrière-garde», a ajouté M. Hamon, pour qui si «le culot peut suffire pour être candidat aux primaires, ça ne suffit pas pour être président de la République».

Considérées comme un acquis social par nombre de responsables socialistes, les 35 heures ont déjà suscité des débats au sein du PS, avec notamment les critiques de Ségolène Royal, après son échec à la présidentielle de 2007.

Cette nouvelle polémique éclate alors que Ségolène Royal s'est récemment déclarée candidate aux primaires, prenant de court ses deux principaux adversaires socialistes potentiels: le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, et la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Or, les 35 heures avaient été imaginées par Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des Finances, et mises en oeuvre Martine Aubry, ministre de l'Emploi.

Sans abroger les 35 heures, les gouvernements de droite les ont progressivement démantelées depuis 2002, élargissant au départ des dérogations déjà prévues dans la loi initiale. Une loi de 2008 donné pratiquement toute latitude aux entreprises pour augmenter et organiser le temps de travail, sous réserve d'un accord avec les syndicats ou représentants du personnel.