Le pape Benoît XVI a nommé un théologien de Hong Kong numéro deux de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, le poste le plus élevé auquel un Chinois ait jamais accédé au sein de la Curie romaine.

Benoît XVI a nommé le père Savio Hon Tai-Fai au poste de secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, a indiqué le Vatican dans un communiqué.

Ce religieux salésien de 60 ans, professeur de théologie au séminaire de Hong Kong, est membre de la Commission théologique internationale depuis 2004. Né le 21 octobre 1950 à Hong Kong, il a été en charge de la traduction en chinois du Catéchisme de l'Eglise catholique (CEC), un travail suivi par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Il succède au cardinal guinéen Robert Sarah, nommé en octobre à la tête du Conseil pontifical Cor Unum.

Interrogé par l'agence spécialisée I.MEDIA, le cardinal Roger Etchegaray a salué ce «signe positif» et «l'audace» de Benoît XVI.

Expert des relations entre Rome et Pékin, le prélat français a jugé que cette nomination ouvrait aux chrétiens chinois «un chemin plein d'espérance» et «rapprocherait l'Orient de l'Occident». «Je m'en réjouis très fortement, d'autres pas pourront encore être faits», a-t-il ajouté.

Cette nomination intervient alors que les relations entre le Vatican et Pékin sont tendues. Jeudi, la Chine a qualifié d'«infondées» et «imprudentes» les critiques du Vatican contre la 8e Assemblée des représentants catholiques chinois (l'Eglise officielle chinoise).

Le Vatican avait exprimé il y a une semaine son «profond regret» face à cette réunion, qui s'est tenue du 7 au 9 décembre, «imposée à de nombreux évêques, prêtres, religieux et fidèles», jugeant que la manière dont elle a été «convoquée» et «conduite» représentait «une attitude répressive au regard de l'exercice de la liberté de religion que (le Vatican) espérait remisée au passé».

Le Vatican avait estimé que cette réunion, ainsi que l'ordination d'un évêque sans l'aval du pape à Chengde (nord) «ont détérioré unilatéralement le dialogue et le climat de confiance établis» avec le gouvernement chinois.

Les catholiques chinois sont estimés à 5,7 millions, selon les chiffres officiels. Ils sont partagés entre l'Eglise officielle, dont le clergé dépend des autorités politiques, et une Eglise non reconnue dite «souterraine» qui tire sa légitimité de son obéissance au pape.