Au moins quatre candidats à la présidentielle en Biélorussie ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi après une manifestation d'opposants protestant contre la réélection attendue du président Alexandre Loukachenko qui a vu des centaines de personnes appréhendées.

Andreï Sannikov, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev et Vitali Rymachevskiï ont été interpellés, ont déclaré leurs porte-paroles respectifs à l'AFP.

MM. Sannikov et Rymachevskiï avaient auparavant été blessés lors de l'intervention policière pour disperser la manifestation, avait rapporté la radio russe indépendante Echo de Moscou.

Vladimir Nekliaev, qui avait également été blessé dans ces heurts, a de son côté été appréhendé par des forces de l'ordre alors qu'il se trouvait à l'hôpital, ont rapporté les médias mais cette information n'a pas été confirmée.

Vladimir Nekliaev et Nikolaï Statkevitch sont les principaux opposants à l'actuel président Loukachenko. Neuf candidats se présentaient à l'élection présidentielle dimanche.

Dimanche soir, les forces de l'ordre de la Biélorussie ont interpellé violemment à Minsk des centaines de personnes, mettant apparemment fin en quelques minutes à une manifestation de milliers d'opposants.

Des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, armés de boucliers et de matraques, sont intervenus massivement et à une vitesse foudroyante sur la place de l'Indépendance de Minsk, où se trouvent dans un même bâtiment le gouvernement, le parlement et la commission électorale.

Frappant des manifestants, les interpellant ou les forçant à la fuite, la police a repris vers 21H30 GMT le contrôle de la place, occupée encore une heure plus tôt par des dizaines de milliers de protestataires, selon une estimation de l'AFP.

La police est intervenue alors que la foule tentait de prendre d'assaut ce vaste immeuble, en brisant portes et fenêtres. «Les forces de l'ordre ont agi dans la légalité», a estimé le chef de la police de Minsk, Leonid Farmageï, cité par l'agence de presse Itar-Tass.

La police anti-émeutes avait d'abord tenté vers 13h30 de disperser à l'aide de grenades assourdissantes et de matraques un premier groupe de 200 manifestants.

L'opposition avait appelé dès samedi à un rassemblement dimanche pour dénoncer les fraudes électorales massives orchestrées selon elle par le pouvoir biélorusse. Les manifestants se sont d'abords rassemblés sur la place d'Octobre avant de rejoindre celle de l'Indépendance.

Selon les résultats de sondages à la sortie des bureaux de vote annoncés par la télévision biélorusse, M. Loukachenko obtiendrait entre 72,2 et 81,4% des suffrages, devançant largement ses principaux opposants, Andreï Sannikov et Vladimir Nekliaev.

«C'est ici que la Biélorussie a déclaré son indépendance en 1991 et c'est ici que la dictature de Loukachenko va tomber aujourd'hui», a déclaré M.Sannikov, s'exprimant devant la foule avant les heurts.

La commission électorale biélorusse n'a pour sa part encore annoncé aucun résultat.

M. Loukachenko, depuis 16 ans à la tête de ce pays charnière situé entre l'Union européenne et la Russie, a été qualifié de «dernier dictateur d'Europe» par l'ancien président américain George W. Bush.

«Ne vous inquiétez pas, il n'y aura personne sur la place ce soir», a déclaré dimanche, après avoir voté, M. Loukachenko. «On ne peut absolument pas parler de falsification du scrutin», a-t-il ajouté.

Elu en 1994 à la première élection présidentielle de la Biélorussie indépendante, la seule reconnue comme démocratique en Occident, M. Loukachenko a été réélu en 2001 et 2006 à l'issue de scrutins entachés d'irrégularités et marqués par la répression des opposants.

Le dirigeant biélorusse s'en prend tantôt à l'Union européenne, accusée fin novembre de mettre son pays «sans arrêt sous pression», tantôt à la Russie, allié traditionnel et grand fournisseur d'hydrocarbures, à laquelle il a même reproché de financer ses opposants.