Un responsable du parlement roumain affirme que le gouvernement a survécu à une motion de censure.

Le secrétaire parlementaire Dumitru Pardau a indiqué que l'opposition aurait eu besoin de 17 votes de plus que les 219 récoltés pour renverser le gouvernement du premier ministre Emil Boc.

Le vote de mercredi a eu lieu alors que quelque 30 000 personnes descendaient dans les rues de Bucarest pour dénoncer les mesures d'austérité annoncées par le gouvernement roumain.

Des manifestants en colère se sont brièvement chamaillés avec des policiers anti-émeute à l'extérieur de l'édifice du Parlement durant le débat, mais aucune blessure n'a été rapportée. Les manifestants ont bloqué plusieurs rues du centre-ville malgré le temps froid, scandant des slogans qui appelaient au départ du gouvernement.

Les rangs des manifestants comprenaient plusieurs employés du secteur public dont les salaires ont été abaissés par le gouvernement, notamment des enseignants, des médecins et des policiers. Certains employés du secteur privé ont aussi participé à la démonstration.

Une quarantaine de personnes ont eu besoin de soins médicaux, même si on ne fait officiellement état d'aucune blessure. La police rapporte de son côté que 11 personnes ont été emmenées vers des commissariats après avoir provoqué des bousculades avec les policiers.

La manifestation a été organisée au moment où des employés du Fonds monétaire international (FMI) visitaient la Roumanie pour se renseigner sur l'état de santé de son économie.

La Roumanie a reçu un prêt de 27,8 milliards $ US du FMI, de l'Union européenne et de la Banque mondiale après avoir vu son économie fondre de 7,1 pour cent l'an dernier. Une partie de cet argent a été utilisée pour payer salaires et retraites.

En retour, la Roumanie s'est engagée à sabrer profondément dans ses dépenses pour que son déficit se maintienne à 6,8 pour cent de son PIB en 2010.

Mercredi, le premier ministre Emil Boc avait demandé aux parlementaires de rejeter la motion de censure, estimant qu'elle ne ferait qu'affaiblir encore plus le gouvernement. M. Boc avait ajouté que les mesures annoncées étaient nécessaires, même s'il dit comprendre la frustration de la population.

L'opposition avait promis d'abolir les mesures d'austérité et de renégocier les engagements de la Roumanie envers le FMI, l'Union européenne et la Banque mondiale.

Le leader de l'opposition, le libéral Crin Antonescu, s'est dit déçu de l'issue du vote, mais a promis de poursuivre le combat. M. Boc, de son côté, s'est réjoui, indiquant que la logique avait eu le dessus sur le populisme.

La Roumanie est secouée par des manifestations depuis des semaines. Policiers, enseignants et autres employés du secteur public ont défilé à tour de rôle pour dénoncer les intentions du gouvernement.

Le ministre roumain de l'Intérieur a d'ailleurs démissionné quand des milliers de policiers sont descendus dans les rues.