L'assemblée générale des Nations unies à New York a adopté jeudi une résolution sans précédent sur le Kosovo commune à la Serbie et l'Union européenne appelant Belgrade et Pristina au «dialogue».

La résolution, adoptée sans vote par acclamation, «se félicite de la disponibilité de l'Union européenne pour faciliter un processus de dialogue» entre la Serbie et le Kosovo.

L'assemblée générale s'est réunie avec plus de deux heures et demie de retard car au moment où la réunion devait commencer, les représentants serbes s'étaient offusqués de la présence dans le public de dirigeants du Kosovo, dont le président kosovar Fatmir Sejdiu.

Il a fallu de longues négociations avant que le chef de la diplomatie serbe n'accepte finalement la présentation de la résolution, les dirigeants kosovars étant déclarés invités par la France, l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne et les États-Unis.

«Le dialogue en lui-même serait un facteur de paix, de sécurité et de stabilité dans la région», poursuit le texte.

«Ce dialogue serait en faveur de la promotion de la coopération, et de la réalisation de progrès sur le chemin de l'Union européenne et améliorerait la vie des populations», indique la résolution.

Cette formulation répond au souhait des Européens qui prônent des discussions entre Belgrade et Pristina sur des questions susceptibles d'améliorer les conditions de vie des populations serbe et kosovare, tels que les télécommunications, le retour des réfugiés.

Dans une déclaration préliminaire, le ministre des Affaires étrangères serbe, Vuk Jeremic, a toutefois souligné que la Serbie ne reconnaîtrait pas l'indépendance du Kosovo.

Mais il a ajouté qu'«un terrain d'entente a été trouvé en s'assurant que la résolution est fondamentalement un document neutre».

«La République de Serbie ne connaît pas et ne reconnaîtra pas la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo», a-t-il dit.

Il a ajouté qu'il souhaitait que la Résolution «contribue à créer une atmosphère favorable à la création d'un accord général de paix entre les Serbes et les Albanais (du Kosovo) accompli par le biais d'un dialogue honnête».

«Seule une telle approche peut produire des résultats durables», a-t-il dit.

Pour Pristina, qui se félicite de cette résolution, celle-ci «écarte toute possibilité de négociations sur le statut politique du Kosovo».

Mais le président serbe Boris Tadic a répété mercredi que le projet de résolution, issu d'un «compromis» avec les Européens, ne signifiait en rien une reconnaissance de l'indépendance kosovare par Belgrade.

La Serbie considère le Kosovo comme sa province méridionale. 70 pays dans le monde ont reconnu l'indépendance du Kosovo, proclamée par Pristina en février 2008. Le 22 juillet, la Cour internationale de Justice avait conclu que cette déclaration d'indépendance n'avait pas enfreint le droit international.

La France avait mercredi félicité la Serbie pour l'accord trouvé avec l'Union européenne sur cette résolution. «Cet accord ouvre la voie à un dialogue entre Belgrade et Pristina que la France n'a cessé d'appeler de ses voeux. Ce dialogue est nécessaire afin de promouvoir la coopération, de progresser sur le chemin de l'Europe, et d'améliorer la vie de tous. Il s'agit d'un pas de plus dans la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo», avait souligné le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Un premier projet fin juillet comprenait un appel de la Serbie à des discussions entre Belgrade et Pristina sur «toutes les questions ouvertes», laissant la possibilité que l'indépendance du Kosovo soit à nouveau abordée.