L'ombre du patron du FMI Dominique Strauss-Kahn et la menace de nouvelles querelles personnelles planent sur la rentrée politique du parti socialiste français, en position de force dans les sondages face à Nicolas Sarkozy, en plein débat sur la sécurité.

Porté par des vents favorables, le PS ouvre vendredi sa traditionnelle université d'été dans la ville portuaire de La Rochelle, dans l'ouest de la Franec, où 4000 militants sont attendus jusqu'à dimanche. Plus de la moitié des Français (55%) souhaitent voir la gauche l'emporter à la présidentielle de 2012, selon une récente étude Viavoice.

Mais, selon ce même sondage, ils sont 57% à penser qu'elle ne ferait pas mieux que la droite une fois au pouvoir. «L'envie est là, pas encore la crédibilité», résumait vendredi le journal de gauche Libération.

Pour transformer l'essai, le PS, grand vainqueur des élections régionales de mars dernier, doit présenter un front uni face à un président Sarkozy qui n'apparaît plus comme imbattable, affaibli par une série de scandales et dont la récente offensive sécuritaire ne s'est pas traduite par un soutien accru de l'opinion.

La Rochelle s'annonce donc comme un grand test avant les primaires socialistes l'an prochain pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012.

Paradoxalement, le mieux placé est aujourd'hui le grand absent des débats Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), 61 ans, tenu par un absolu devoir de réserve. Son mandat court jusqu'à l'automne 2012.

Personnalité politique préférée des Français, DSK écraserait Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle par 59% contre 41%, selon un sondage publié jeudi.

Alors qu'il a conclu un «pacte de non agression» avec la patrone du PS Martine Aubry -qui battrait elle aussi le président sortant (53%-47%)-, ses proches travaillent en coulisse à sa candidature.

«Une fois que Dominique se sera présenté, personne n'osera se présenter contre lui», pronostique un élu de son camp. «Le fond de l'air de La Rochelle sera strauss-kahnien», plaisante un autre proche.

Alors que DSK n'a pas tranché sur son éventuelle candidature, la question promet de hanter les débats de La Rochelle, d'autant que Martine Aubry a fait savoir qu'elle livrerait sa décision «avant le début de l'année 2011», soit six mois avant les primaires.

Longtemps associée à la semaine controversée de travail de 35 heures, elle est parvenue à 60 ans à s'imposer à la tête du PS, ravissant de justesse en 2008 le poste de première secrétaire à Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle de 2007.

«Elle a maté un par un tous les bastions de l'opposition interne», estime François Lamy, un de ses proches lieutenants.

Disant elle-même qu'«on ne connaît pas encore la personnalité la mieux à même de donner confiance aux Français», elle a concentré son tir sur le chef de l'État en dénonçant dès jeudi soir à La Rochelle un «été de honte pour la France», qualifiant le tour de vis sécuritaire du pouvoir de «vaste opération de manipulation».

«C'est une faute de penser que le thème de la sécurité est de droite», a contré Ségolène Royal dans Libération de vendredi, appelant le PS à défendre «une ligne non laxiste et ferme sur la délinquance» et faisant une fois encore entendre sa musique personnelle.

Le maître-mot mis en avant vendredi est l'union sacrée, chaque ténor du parti rivalisant de déclarations sur la nécessaire «unité» pour gagner, alors que les combats de chefs ont souvent porté préjudice au PS dans les élections décisives.