Les centaines de milliers de voyageurs qui poireautent dans les aéroports aériens des pays du nord de l'Europe devront prendre leur mal en patience.

Eurocontrol a indiqué ce matin, dans un communiqué, que le nuage de cendres libéré par l'éruption volcanique en cours en Islande continuerait de faire sentir son effet «au moins pour les prochaines 24 heures».

L'agence, qui coordonne l'activité aérienne d'une quarantaine de pays, s'attend à ce qu'il y ait environ 6 000 vols aujourd'hui dans l'espace aérien comparativement à 22 000 vols en temps normal.

La situation semble donc se dégrader par rapport à vendredi, où 10 400 vols avaient été recensés alors qu'on en attendait 28 000.

L'interdiction de vol perturbe le trafic jusqu'en Australie, où plusieurs vols longue durée vers l'Europe ont été reportés. Un tiers des vols en provenance de l'Amérique du Nord sont arrivés normalement ce matin.

Seuls les pays du sud du continent échappent pour l'instant aux fermetures d'aéroport, qui viennent d'être prolongées par plusieurs États nordiques, incluant la France.

Le bureau du premier ministre François Fillon a fait savoir ce matin par communiqué à l'issue d'une rencontre à Matignon que les aéroports du nord du pays, incluant les grands aéroports parisiens, demeureraient fermés jusqu'à lundi matin.

Plusieurs petits aéroports du sud doivent fermer leurs portes en fin d'après-midi, ajoutant au chaos.

L'interruption des vols domestiques complique la tâche de milliers de familles qui sont en déplacement en ce début de vacances scolaires.

Les routes et les gares sont prises d'assaut, le train constituant l'alternative la plus efficace. La firme Eurostar, qui a ajouté plusieurs trains entre Londres et Paris, a indiqué que les clients s'arrachaient les places.

L'agence de navigation anglaise a indiqué de son côté que le nuage « bougeait et changeait de forme», compliquant la tâche des autorités, qui évoquaient de possibles vols domestiques vers l'Écosse ou l'Irlande du Nord.

«Il est très improbable que plusieurs vols puissent être réalisés», a prévenu l'organisation.

En Autriche, un vol en provenance d'Ural Airlines qui cherchait à rallier Rome à partir de Moscou s'est posé malgré l'interdiction de survol. L'agence aérienne locale a indiqué qu'il fallait bien permettre aux pilotes «de se poser quelque part».

La persistance du nuage de cendres risque de compliquer la tâche de plusieurs dignitaires qui doivent se rendre demain en Pologne pour les funérailles du président Lech Kaczynski, tué la semaine dernière dans un accident d'avion.

Vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel a dû faire un arrêt forcé au Portugal au retour d'un voyage aux États-Unis.

Selon l'Agence internationale de transport aérien, les compagnies aériennes enregistrent un manque à gagner de plus de 200 millions de dollars par jour en raison des ventes perdues.

L'organisation précise qu'une partie de ces pertes sera renflouée par «la ruée» sur les aéroports qui découlera de la reprise des activités normales.

Ne reste plus qu'à savoir quant cette reprise pourra avoir lieu. Un chercheur islandais cité ce matin par la BBC a précisé que le volcan en activité continuait à cracher des cendres qui risquaient d'être portées vers le continent par les vents soufflant en haute altitude.