Vingt ans après l'exécution du dictateur roumain Nicolae Ceausescu, le 25 décembre 1989, les lieux symboliques du «génie des Carpates» attirent les touristes.

Emblème de la folie des grandeurs de l'homme fort roumain, la «Maison du peuple», son palais pharaonique qui nécessita de raser 7 km2 de quartiers historiques de Bucarest, est aujourd'hui la destination numéro un pour les touristes visitant la capitale roumaine. En été, ils sont un millier par jour pour la plupart venus d'Israël, de France ou d'Allemagne.

«C'est le premier site touristique que je visite à Bucarest. Je suis très intéressé car c'est une partie importante de l'histoire», explique Niels, un Néerlandais de 27 ans.

«Tous les visiteurs font le lien entre ce bâtiment et Ceausescu», explique à l'AFP Adina Mihai, guide dans le deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone et qui abrite aujourd'hui le Parlement.

«Ils sont impressionnés par les dimensions», ajoute-t-elle. Le palais contient un million de m3 de marbre, 200.000 m2 de tapis et 900.000 m3 de bois.

Plus de 20.000 ouvriers et 200 architectes ont participé, jour et nuit, à sa construction démarrée en 1984.

À la chute de Ceausescu, cinq ans plus tard, 60% du bâtiment étaient réalisés, explique Mme Mihai. Il a été ouvert au public en 1994.

«Qu'on le veuille ou non, le palais devient le symbole de Bucarest», déclare à l'AFP Traian Badulescu, porte-parole de l'Association roumaine des agences de tourisme.

M. Badulescu fait partie des 40.000 personnes dont les maisons furent détruites pour construire la Maison du peuple.

«J'avais sept ans. C'est traumatisant de devoir déménager d'une belle maison dans un bloc d'appartements. Ce fut une tragédie pour beaucoup de gens, certains se sont suicidé mais je ne hais pas le Palais», précise-t-il.

M. Badulescu estime que ce bâtiment doit être mis en valeur puisqu'il existe.

«C'est une partie négative de l'histoire mais elle ne doit pas être effacée», dit-il, rappelant qu'en Russie ou en Hongrie les vestiges du communisme sont devenus une niche touristique.

À 15O kilomètres à l'ouest de Bucarest, dans la petite ville de Scornicesti, la maison natale de Ceausescu attire aussi de nombreux touristes étrangers.

Construite il y a une centaine d'années, sans électricité, elle dispose de trois petites pièces: la chambre à coucher où dormaient Ceausescu, ses huit frères et soeurs et leur parents, la cuisine, avec une petite table ronde et des cruches en argile et la chambre d'amis, décorée de photos des parents et des grand-parents du dirigeant.

Temporairement fermée, la maison doit être rouverte aux visiteurs au printemps, explique à l'AFP Emil Barbulescu, le neveu du dictateur, qui en voisin s'occupe de la demeure.

Cet ancien chef départemental de la redoutée police politique de Ceausescu, la Securitate, est nostalgique de cette période où les gens, selon lui, ne se souciaient guère du lendemain.

«Aucune période historique ne peut être effacée», dit celui qui a en projet d'ériger une statue en mémoire de Ceausescu.

Dans le reste du pays, des anciennes villas officielles du couple Ceausescu sont aussi intégrées dans les circuits touristiques.

À Bucarest, un restaurant nommé comme l'ancien journal du Parti communiste, «La Scanteia», a pour sa part choisi de jouer un peu ironiquement sur la nostalgie avec des murs rouges, des emblèmes communistes et des plats rappelant l'époque de Ceausescu...simples en raison des pénuries alimentaires de l'époque.