L'agression dont a été victime dimanche Silvio Berlusconi, frappé en plein visage par un déséquilibré à Milan, soulève doutes et interrogations sur l'efficacité des services de protection du chef du gouvernement italien même si le ministre de l'Intérieur a pris leur défense.

«La sécurité du chef du gouvernement est une question de sécurité nationale que je soulèverai demain à la réunion du Copasir», la commission parlementaire de contrôle des services secrets, a déclaré à l'AFP Carmelo Briguglio, l'un des responsables de cette institution. Selon ce dernier, «trois épisodes graves» se sont produits ces dernières années, mettant en cause, d'une manière ou d'une autre, la sécurité de Silvio Berlusconi.

«Le premier il y a quelques années (le 31 décembre 2004, ndlr) lorsqu'il a été touché par un trépied (d'appareil photo), le deuxième a été l'espionnage photographique qui a duré plusieurs années de sa résidence estivale en Sardaigne et le troisième est l'agression de dimanche soir», a estimé M. Briguglio.

«Il ne faudrait pas que certains pensent qu'il y a en Italie un permis de tuer le chef du gouvernement. Aujourd'hui c'est Silvio Berlusconi, demain ce sera un autre mais le chef du gouvernement n'est pas un citoyen commun, il doit bénéficier d'un système de sécurité qui implique les services de renseignement», a ajouté M. Briguglio.

«Le très grave épisode dont a été victime Silvio Berlusconi prouve de manière préoccupante que le système de protection du chef du gouvernement est inadapté et présente des lacunes», avait-il déclaré plus tôt dans la journée.

En revanche pour Roberto Maroni, ministre de l'Intérieur, «les personnes qui entourent le président du Conseil sont des professionnels, il n'y a rien à leur reprocher. Il ne me semble pas qu'on puisse parler d'une défaillance».

Le ministre a pris soin de préciser que les gardes du corps de M. Berlusconi dépendaient des services secrets et pas de son ministère mais a estimé que leur travail était «absolument digne d'éloges».

M. Berlusconi a été violemment heurté dimanche soir au visage par un projectile jeté dans sa direction par un homme soigné pour des troubles mentaux. Le chef du gouvernement qui ne sortira pas avant 36 heures de l'hôpital, a été blessé aux lèvres et a eu deux dents cassées et une petite fracture du nez.

L'agresseur, Massimo Tartaglia, 42 ans, a été immédiatement maîtrisé par des hommes de l'escorte de Berlusconi.

Selon le Corriere della Sera, celle-ci est composée d'«une vingtaine d'hommes déployés dans un double anneau faisant bouclier lorsqu'il est au milieu de la foule». «La faille dans le système s'est produite dans l'anneau le plus étroit, chargé de le protéger contre les agressions directes et les jets d'objets. Quelque chose n'a pas fonctionné et après avoir été blessé, il y a eu une deuxième erreur commise», a indiqué le Corriere.

La voiture du chef du gouvernement est restée sur place et Berlusconi en est même ressorti pour tenter de rassurer ses partisans «alors qu'en cas de danger la personnalité devrait être immédiatement évacuée», a ajouté le Corriere.

Selon le journal, une centaine d'agents protègent Silvio Berlusconi avec «des moyens sophistiqués» et certains le suivent depuis l'époque où il n'était qu'un entrepreneur à succès.

Dire que la garde rapprochée de Berlusconi n'a pas été modifiée depuis de nombreuses années apparaît comme une critique de la pesse envers un système de protection qui convenait peut-être à un homme d'affaires, pas à un chef de gouvernement.