Il n'aura fallu que trois semaines entre octobre et novembre 1989 pour que la face de la RDÀ soit changée, alors que par milliers les Allemands de l'Est s'engouffraient dans la brèche ouverte au printemps par la Hongrie dans le Rideau de Fer.

Le film des événements s'est accéléré le 18 octobre 1989, date de la démission d'Erich Honecker, chef du parti et de l'État pendant 18 ans, qui avait supervisé la construction du Mur de Berlin en août 1961.

Lâché par Moscou, celui à qui Mikhaïl Gorbatchev avait dit quelques jours plus tôt: «La vie punit ceux qui arrivent en retard» est contraint à la démission et remplacé par Egon Krenz, son dauphin officieux. Cinq jours plus tard, le 23 octobre, c'est la première manifestation de masse: 300.000 personnes défilent dans les rues de Leipzig. Le 19, Krenz devient officiellement chef de l'État mais des manifestants à Berlin-Est protestent contre sa candidature unique et réclament des élections libres.

Alors que Honecker avait refusé la légalisation de l'organisation d'opposition Neues Forum (Nouveau Forum), le 26 octobre, Gunter Schabowski, membre du bureau politique du PC est-allemand (Parti socialiste unifié, SED) et patron du parti à Berlin, rencontre des membres du Forum. C'est le premier contact officiel entre le pouvoir et l'opposition.

Le lendemain, M. Krenz annonce une amnistie générale pour les personnes condamnées pour avoir tenté de passer à l'Ouest et demande à ceux qui ont réussi de rentrer au bercail. Il promet également une nouvelle loi libéralisant les voyages.

Mais le 30 octobre, plusieurs centaines de milliers de personnes manifestent dans tout le pays. Le 1er novembre, M. Krenz est à Moscou où Mikhaïl Gorbatchev «l'initie» à la perestroïka et à la glasnost. Le No1 est-allemand repart de Moscou les mains vides.

Le 3 novembre, les autorités annoncent que les personnes désireuses de partir à l'Ouest peuvent le faire en passant par la Tchécoslovaquie, dont la frontière est à nouveau ouverte sans visa. Comme la Hongrie quelques semaines plus tôt, ce pays voit à nouveau affluer les candidats à l'émigration.

Dans le même temps, cinq nouveaux membres conservateurs du Politburo du SED sont limogés, en plus des deux qui l'avaient été en même temps que M. Honecker.

Le 4 novembre, environ un million de manifestants submergent l'Alexanderplatz à Berlin-Est dans ce qui apparaît comme la plus importante manifestation de l'histoire de la RDA.

Deux jours plus tard, 750.000 personnes tiennent des meetings dans l'ensemble du pays. Le gouvernement rend public un projet de loi autorisant les voyages à l'Ouest un mois par an.

Tout s'accélère. Le 7, le gouvernement démissionne et le projet de loi sur les voyages, considéré comme trop restrictif, est rejeté par une commission parlementaire.

Le 8 novembre, c'est au tour de 21 membres du bureau politique du SED de démissionner. Ils sont remplacés par seulement 11 responsables, dont quatre nouveaux membres. Alors que 40.000 personnes manifestent à Berlin, les autorités acceptent de légaliser le Neues Forum. Le chancelier Helmut Kohl offre une aide à l'Allemagne de l'Est, en échange de réformes démocratiques et du changement du système économique.

Dans l'après-midi du jeudi 9 novembre, la RDÀ annonce l'ouverture conditionnelle de ses frontières avec la RFA. Mais les Berlinois de l'Est n'attendent pas pour obtenir un bon de sortie officiel et submergent les postes-frontières. Le Mur, érigé 28 ans plus tôt, tombe.