«Je veux me réveiller un matin en apprenant qu'il restera jusqu'à la fin de ses jours en prison»: comme ce commerçant, Esad Pozder, des survivants du siège de Sarajevo confiaient lundi leur espoir d'une condamnation rapide et sévère de Radovan Karadzic.

«J'espère beaucoup que le procès de Karadzic ne va pas s'enliser pendant des années et qu'il sera condamné à perpétuité», ajoute Esad Pozder, qui a survécu au massacre de 1994 sur le marché de Markalé, dans le centre de la capitale, où un obus tiré par les forces serbes bosniaques a fait 68 morts. Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, devait être jugé à partir de lundi par le Tribunal Pénal International (TPI) de La Haye pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-95).

Mais l'accusé a boycotté l'ouverture du procès, qui a été ajourné à mardi.

«J'espère qu'il vivra suffisamment pour être condamné. Il serait impardonnable qu'il finisse comme Milosevic», lance Sead Husic, économiste d'une quarantaine d'années.

Il faisait allusion au président yougoslave Slobodan Milosevic, mort en prison à La Haye en mars 2006, avant la fin de son procès pour génocide.

Radovan Karadzic devra répondre de son rôle dans le siège de Sarajevo par les forces serbes de Bosnie, au cours duquel 10.000 personnes sont mortes entre 1992 et 1995, et dans le massacre de plus de 7.000 musulmans à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, en juillet 1995.

À La Haye pendant ce temps, des mères de victimes de Srebrenica laissaient éclater leur colère après l'ajournement du procès. «C'est comme si on était tué une seconde fois», lançait Munira Subasic, une femme de 62 ans.

En revanche à Banja Luka, la capitale de l'entité serbe de Bosnie, le soutien à Radovan Karadzic est toujours tenace.

«Qu'il soit jugé ou pas, pour nous Serbes, il restera pour toujours un saint», déclare Miroslav, un jeune au chômage.

Zdravko, un chauffeur de taxi d'une quarantaine d'années, assure que les Serbes bosniaques «ne vont jamais changer d'opinion sur Karadzic». «Il ne peut pas être un criminel de guerre».

Quant à Radenka, qui tient une petite boutique, elle croit que le sort de l'accusé est déjà scellé. «Il ne doit même pas se présenter devant les juges. Ils l'ont déjà condamné avant le début de son procès».