La Grande-Bretagne a préféré ne pas réclamer de compensations à la Libye pour la mort de Britanniques tués par des explosifs libyens fournis à l'IRA par crainte de nuire à ses relations avec Tripoli, selon de nouveaux documents rendus publics dimanche par le gouvernement Brown.

Les services du Premier ministre ont été contraints de rendre publiques deux lettres de Gordon Brown, dont l'existence avait été révélée quelques heures plus tôt par le Sunday Times.

Ces documents ont soulevé de nouvelles accusations sur la volonté présumée du gouvernement britannique de protéger les contrats commerciaux et pétroliers avec la Libye au détriment du droit et de la justice.

Il y a quelques jours, des soupçons similaires avaient éclaté après la libération de l'agent libyen Abdelbaset Ali al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie (Ecosse) qui avait fait 270 morts en 1988. Des documents cités par la presse puis rendus publics par le gouvernement en début de semaine ont suggéré que Londres avait fait pression sur les autorités écossaises pour qu'elles libèrent «pour raisons humanitaires» cet agent libyen afin de préserver les relations avec Tripoli.

Les proches des victimes britanniques des attentats de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) dans les années 80 et 90 se sont dits scandalisés d'apprendre que le Premier ministre Gordon Brown avait refusé d'aborder la question des compensations financières avec la Libye, alors même que les familles des victimes américaines de l'IRA sont parvenues à un accord de dédommagement avec Tripoli.

En réponse à ces accusations, Gordon Brown explique que, dans cette affaire, son gouvernement n'était pas motivé par les intérêts pétroliers, mais par la nécessité de coopérer avec un ancien «Etat-voyou» dans la lutte contre le terrorisme.

«Le gouvernement britannique ne juge pas approprié d'ouvrir des discussions bilatérales avec la Libye sur ce sujet», déclare M. Brown dans ces lettres datées des 11 septembre et 7 octobre 2008 et adressées à l'avocat des victimes britanniques de l'IRA, Jason McCue.

«Vous affirmez que la raison principale pour ne pas ouvrir de négociations directes avec la Libye est celle du commerce», écrit M. Brown à M. McCue dans la lettre du 7 octobre. «Je puis vous assurer que ce n'est pas le cas. Même s'il est vrai que les relations entre la Grande-Bretagne et la Libye incluent le commerce, la coopération bilatérale s'étend désormais à de nombreux domaines, notamment à la lutte contre le terrorisme.»

La Libye est soupçonnée d'avoir fourni des tonnes d'explosifs de type Semtex aux séparatistes irlandais de l'IRA qui s'en servaient pour leurs attentats dans les années 80 et 90 lorsqu'ils tentaient d'obtenir par la lutte armée l'indépendance de la province britannique d'Irlande du Nord.