Le président français Nicolas Sarkozy a dû rembourser plus de 20 000$ cette semaine après que les dépenses du chef d'État eurent été passées au crible, chose qui n'avait pas été faite depuis plus de deux siècles.

Le remboursement a été achevé à la veille du dévoilement du rapport de la Cour des comptes, qui avait entrepris cet exercice à la demande du président lui-même, soucieux de montrer que les dépenses de l'Élysée sont gérées «de la manière la plus rigoureuse et la plus économe possible».

 

Le président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, a précisé, en guise de préambule, que le dernier chef d'État français à avoir subi un tel contrôle était Louis XVI, les régimes subséquents n'ayant jamais jugé utile de remettre en question «l'exemption des règles» tacite qui prévalait jusqu'à aujourd'hui.

La question des dépenses personnelles du président est reléguée pratiquement à la toute fin du rapport.

M. Séguin y relève, pour expliquer la nécessité d'un remboursement de la part de Nicolas Sarkozy, que le personnel d'intendance «avait pris l'habitude, par commodité et souvent dans l'urgence, de régler certaines dépenses privées en même temps que d'autres dépenses relatives à la fonction présidentielle» en profitant d'une avance imputée au budget de l'Élysée.

Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas connaissance de cette pratique au dire de la Cour des comptes, a demandé que les factures liées aux dépenses privées de sa famille lui soient remises à l'avenir pour qu'il puisse les régler lui-même.

Contrat sans appel d'offres

Le rapport s'attarde aussi à l'attribution sans appel d'offres à un cabinet non identifié d'un contrat d'une valeur de près de deux millions de dollars. La firme retenue, qui devait décider de l'opportunité de mener des sondages pour l'Élysée et procéder aux commandes, a facturé à plusieurs reprises la présidence pour des études qui étaient publiées dans les médias.

Hier, Marianne a indiqué que la présidence et la Cour des comptes refusaient de divulguer l'identité du cabinet, qui pourrait appartenir, au dire du magazine, à un proche collaborateur du président.

Le Parti socialiste a accusé hier l'Élysée de vouloir «instrumentaliser» l'opinion publique en payant pour la production de sondages qui sont ensuite repris dans les médias sans précision sur leur origine.

La Cour des comptes relève par ailleurs que les nombreux déplacements du président, très actif en France et à l'étranger, ont coûté plus de 20 millions de dollars en 2008, une somme qui pourrait être réduite en accordant une attention «particulière» à la taille des délégations qui accompagnent le politicien. Elles se composent parfois de plusieurs centaines de personnes, en incluant les invités et le personnel.

Le manque de transparence entourant les dépenses de l'Élysée est critiqué depuis des années par un député de gauche, René Dosière, qui appelait de ses voeux une vérification comme celle qui vient d'être terminée par la Cour des comptes.

En juin, il avait fustigé l'augmentation globale du budget de dépenses de la présidence, parlant d'un bond de plus de 20% en un an, une analyse que conteste l'Élysée. M. Dosière critique particulièrement la hausse de la rémunération du président, aujourd'hui supérieure à 350 000$ par année.

La Cour des comptes souligne que la présidence sera désormais soumise chaque année à une vérification de même nature, ce qui en fera «l'une des institutions de l'État les plus contrôlées, pour ne pas dire la plus contrôlée».