Le procès de Véronique Courjault, jugée en France pour trois infanticides, a abordé lundi pour la première fois la notion de «déni de grossesse», un phénomène complexe et longtemps méconnu mis en lumière par cette affaire.

Le déni de grossesse touche des femmes qui ne se rendent pas compte ou refusent d'admettre qu'elles sont enceintes et les manifestations physiques de leur grossesse sont souvent quasi-inexistantes.

Dès la reprise du procès, commencé mardi dernier, les experts-psychologues qui ont rencontré l'accusée à plusieurs reprises durant sa détention, sont appelés à la barre. Si Simone Lamiraud-Laudinet et Fulbert Jadech sont d'accord pour décrire «une femme discrète, intelligente, ambivalente, marquée par son enfance» et «ne souffrant pas de pathologie névrotique», leurs conclusions en revanche divergent.

«Nous sommes dans la dénégation. Elle sait mais elle refuse cette réalité sans tenir compte des conséquences. L'accusée savait qu'elle était enceinte», déclare Simone Lamiraud-Laudinet.

«Elle dit je sais, je ne sais pas. Elle n'est pas consciente d'être vraiment enceinte», déclare pour sa part Fulbert Jadech, qui évoque bien un «déni de grossesse».

Ce désaccord est souligné par la défense: «C'est une affaire compliquée, un cas difficile. La meilleure preuve est que les psychologues peuvent avoir des avis différents», déclare Me Henri Leclerc, un des conseils de Mme Courjault.

Pour la troisième experte-psychologue Katy Lorenzo-Regrendy, l'accusée est «à ranger entre la névrose et la psychose». Mais tous sont d'accord pour dire que Véronique Courjault est «réadaptable» avec des soins.

Les débats vont se poursuivre dans l'après-midi avec notamment l'audition de psychologues et psychiatres appelés par la défense.

Jugée pour «assassinats», Véronique Courjault encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Cette mère de deux enfants a avoué en octobre 2006 avoir tué trois de ses nouveaux-nés mis au monde clandestinement à l'été 1999 en France, et en septembre 2002 et décembre 2003 à Séoul, où la famille était alors installée.

Le procès doit s'achever le 17 juin.