Contre-plan de relance économique et fronde parlementaire, l'opposition socialiste repasse à l'offensive en France face à Nicolas Sarkozy, sous la direction de sa nouvelle dirigeante Martine Aubry, mais elle reste affaiblie par les divisions.

La Première secrétaire, qui veut faire d'un parti socialiste «convalescent» une formation qui «dénonce, propose et agit», a présenté mardi un plan de 50 milliards d'euros axé sur la relance du pouvoir d'achat, le double de celui de Nicolas Sarkozy, jugé «très insuffisant» face à la crise.

Deux mois après sa désignation à la tête du premier parti d'opposition au terme de longues luttes fratricides, et critiquée pour son absence médiatique, Martine Aubry entend faire de ce plan l'emblème du retour en force du PS.

«Où est la première secrétaire?», se demandait ainsi en début de semaine le quotidien de gauche Libération, qui note que «la surface du parti est certes, nettement plus calme» mais que «quelques vaguelettes continuent de la troubler».

Signe de ces turbulences, le plan de relance socialiste, à peine annoncé, a fait l'objet d'une vive critique en interne. François Rebsamen, proche de la grande rivale de Martine Aubry au PS, Ségolène Royal, a ironisé sur un plan «condamné malheureusement à rester virtuel» et estimé qu'il ne présentait «aucune grande idée novatrice».

Martine Aubry a réagi en regrettant qu'il y ait «encore quelques réfractaires» au PS. «Aujourd'hui ceux qui sont à contretemps, c'est ceux qui n'ont pas compris que les socialistes devaient d'abord être unis et penser d'abord aux Français», a-t-elle déclaré.

La Première secrétaire doit aussi composer avec la forte présence médiatique de Ségolène Royal, ex-candidate à la présidentielle. Celle-ci a attiré micros et caméras en se rendant à Washington, là où l'histoire se faisait, pour l'investiture du président américain Barack Obama.

De son côté le député Pierre Moscovici, proche d'un autre ténor du parti, Dominique Strauss-Kahn, a confié qu'il n'était «pas emballé» par la situation au PS.

Mais Martine Aubry cherche manifestement à impulser plus de combativité à quelques mois des élections européennes de juin, qui seront décisives pour son avenir personnel. La maire de Lille (nord) a ainsi annoncé le prochain dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement à l'Assemblée.

Une telle motion, qui devrait porter sur les questions économiques, sociales et les libertés publiques, n'a aucune chance d'aboutir, les 204 députés du groupe socialiste étant en minorité. Mais elle devrait provoquer de nouveaux débats.

Le Parlement a été ces derniers jours le théâtre d'une bronca socialiste inédite. Protestant contre une limitation selon eux des droits de l'opposition, plusieurs dizaines de députés ont chanté La Marseillaise, rassemblés devant la tribune du président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, dont ils ont réclamé la démission, avant de quitter l'hémicycle.

Mercredi, les députés socialistes ont pour la première fois boycotté la séance des des questions au gouvernement.

«Il faut savoir s'opposer, en particulier à un certain nombre de décisions qui mettent en cause le fonctionnement normal de la démocratie», a justifié le député socialiste Michel Sapin, tandis que le chef de file des députés de la majorité UMP Jean-François Copé dénonçait «la super-théâtralisation» des députés PS.

«C'est l'une des conséquences de l'élection de Martine Aubry à la tête du parti. Puisqu'il y a un hyperprésident, elle en déduit qu'il lui faut une hyperopposition», estimait jeudi un éditorialiste du Figaro (droite).