L'ex-candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a dénoncé mardi la constitution d'un «front» parmi ses rivaux au PS pour l'empêcher d'accéder à la direction du parti, qui sera soumise jeudi au vote des militants.

«Ce front il existe, bien sûr. On le voit bien», a déclaré Mme Royal sur la radio France Inter, alors qu'on l'interrogeait sur le ralliement lundi du maire de Paris Bertrand Delanoë à la candidature de l'ex-ministre Martine Aubry pour la direction du parti.

M. Delanoë, ex-favori du processus de désignation, avait renoncé à sa candidature après une première consultation des militants la semaine dernière qui avait donné l'avantage à Mme Royal. Mais le congrès du parti ce week-end a échoué à dégager une «synthèse», dans un climat de discorde générale, et d'hostilité des barons du parti à Ségolène Royal.

«Je ne sais pas quelles sont les manoeuvres d'appareil qui sont derrière cette évolution» de Bertrand Delanoë, a ajouté Ségolène Royal, qui avait estimé lundi que le PS avait «perdu le sens de l'honneur».

«Les militants ont voté déjà, ils m'ont placée devant» lors du vote sur les projets politiques la semaine dernière, mais «ce n'est pas la première fois que le vote des militants n'est pas respecté», a-t-elle ajouté.

Elle a reconnu qu'avec le ralliement de M. Delanoë à Mme Aubry, la perspective de sa désignation à la tête du parti «se complique arithmétiquement».

Lors de la consultation des militants le 6 novembre sur les projets politiques, les textes de Mme Aubry (24,3%) et M. Delanoë (25,2%) avaient recueilli la moitié des suffrages à eux deux, celui de Mme Royal 29%. Benoît Hamon, représentant la gauche du parti, avait rassemblé 18,5%.

Mme Royal a qualifié l'union de deux de ses rivaux de «symptôme d'une mutation difficile» du PS. Elle a affirmé pour sa part son intention de donner un «nouveau souffle» au principal parti d'opposition au président de droite Nicolas Sarkozy.

L'élection par les militants du nouveau Premier secrétaire du PS opposera jeudi Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon. Un second tour aura lieu vendredi si aucun n'atteint 50%.